Photographie. Ouvrez l'œil ! Vos iris se transforment en œuvre d'art

Il y en a désormais un peu partout en Normandie : des studios spécialisés dans la photographie… d’iris. La tendance a germé sur les réseaux sociaux. Les adeptes espèrent ainsi conserver une trace physique de leur œil... Mais aussi le transformer en une véritable œuvre d'art.

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Ils rappellent parfois des tournesols, des agates, des planètes ou même des donuts... Les iris s'affichent désormais en majesté. Rainures, stries, taches, vaguelettes... Ils sont uniques, alors des studios spécialisés dans leur prise de vue émergent dans tout l'hexagone.

Pour attirer les clients, les photographes rivalisent d'inventivité. Flammes, explosions de couleurs, étoiles, les effets sont détonants. Et le résultat final peut s'afficher sur tous les supports, du classique sous-verre à la coque de téléphone, en passant par le porte-clé et les bijoux.

Regardez ce reportage de M. Queïnnec, P. Léonard et L. Prevost :

durée de la vidéo : 00h01mn55s
Photographie. L'iris dans le viseur ! ©France 3 Normandie

Redécouvrir ses yeux, dans toute leur singularité

À Rouen, Ikomiris propose ce type de photos depuis le mois d'avril. L'enseigne, fondée par Emmanuel Leconte, ne désemplit pas. Responsable de la boutique rouennaise, Aurélie Viau explique le processus à Manon Letaconnoux, 23 ans, venue tenter sa chance.

La cliente observe d'abord la couleur de son iris à l'œil nu, dans un miroir grossissant entouré de leds. Elle choisit celui qu'elle souhaite immortaliser et place ensuite sa tête dans "l'IKI Box", une boîte photo préconfigurée pour capter au mieux toutes les nuances de ses yeux. 

Le flash retentit. Brute, la photo est ensuite retravaillée sur un ordinateur, le point blanc correspondant au flash est retiré, l'image est détourée, mise sur un fond noir et enrichie des effets choisis par la cliente - ravie.

"Je voulais voir exactement quelles étaient les couleurs de mes yeux, je ne peux pas le faire seule, explique Manon. On voit bien toutes les petites taches d’orange qui ressortent. Je ne m'attendais pas du tout à ça !"

Je ne pensais pas que mon œil allait être aussi bleu. Et il y a plein de couleurs : jaune, vert, bleu, un peu de orange... Pas du tout de marron, pourtant on m'a dit plusieurs fois que j'avais les yeux marrons... La preuve que non, pas du tout !

Manon Letaconnoux, cliente d'Ikomiris

Le processus, montage de la photo compris, est rapide. En moins d'une heure, les clients repartent avec l'objet tant convoité, en numérique ou encadré. Les prix - à partir de 35 euros - varient selon les studios.

"L'iris, c'est une partie du corps assez extraordinaire"

Dans la Ville aux cent clochers, le premier à s'être spécialisé en photographie d'iris, c'est Ron Sfez. La tendance émergeait à peine sur Instagram. Aujourd'hui, le studio de ce trentenaire, initialement photographe de mariage, attire jusqu'à une quinzaine de clients par jour, 20 en période de fêtes.

Je trouvais le concept intéressant et novateur. Je me suis dit qu'il fallait trouver quelque chose de nouveau à proposer aux gens. La photo d'iris, ça permet aux gens d'offrir un cadeau qui sort de l'ordinaire.

Ron Sfez, LNR Studio

Pour obtenir un résultat parfait, il décrit "des essais, des essais et encore des essais". Il a fallu apprivoiser le matériel, se former à la retouche et rechercher de nouveaux effets et visuels. Et à ce niveau, "c'est une affaire de goût. Certains aiment les choses simples, d'autres très travaillées".

Nous testons avec lui ce concept. Il nous installe sur un tabouret, prépare son matériel - flash déporté et objectif macro - et c'est parti. En quinze minutes, montre en main, son montage est terminé et la photo, imprimée sur papier glacé !

Surprise, d'ailleurs : l'œil que l'on pensait bleu ressort gris-vert. Mais le vert n'existe pas, il n'est qu'un composite de touches de jaune et de bleu. Décidément, la photo d'iris offre son lot de surprises.

"C'est assez bête, mais a priori, on a tous des yeux ! La cible, c'est tout le monde, ça parle aux plus jeunes comme aux plus âgés, estime en tout cas le photographe, qui précise accepter aussi... les chiens. Ce qui m'a plu, c'est que chaque iris est unique. C'est une partie du corps assez extraordinaire quand on la regarde vraiment de près, avec une belle lumière."

Une photo pour surmonter un complexe

Retour chez Ikomiris. Aurélie Viau nous l'affirme, le concept permet aussi de changer le regard, parfois si critique, que l'on pose sur soi-même. La moindre imperfection fait en effet toute la singularité de votre œil. Il faut la chérir.

La photographe est ainsi bouleversée par sa rencontre avec Léo, 9 ans. L'enfant a un complexe, son œil accidenté. Elle le convainc de passer devant son objectif : "Je me suis dit que c'était bien, peut-être, de regarder ce complexe droit dans les yeux, littéralement, et d'aller voir ce que ça donne, juste par curiosité, tant qu'à être là ! Et finalement, ça a donné une œuvre absolument magnifique."

La cicatrice forme un petit dessin par dessus son œil. Sa maman a dit que c'était comme un ange qui, depuis l'accident, le protège. C'est vrai que le dessin ressemble vraiment à un ange !

Aurélie Viau, responsable d'Ikomiris - Rouen

Cette œuvre, c'est "L'Ange de Léo". Il y a aussi "Les yeux de chat de Sabine", une malformation qui confère à cette cliente des pupilles ovales surprenantes, "La bille agate", l'œil planétaire de Peter, et bien d'autres, exposés dans la boutique.

"C'est comme de l'art-thérapie : la photo d'iris a été l'opportunité d'accepter une épreuve et de la tourner en œuvre d'art, poursuit Aurélie. Ça m'a touchée, ça m'a émue. On peut trouver la beauté dans l'épreuve et dans la difficulté."

La photo a remporté un franc succès sur Instagram et poussé d'autres propriétaires d'yeux "particuliers" à se lancer. De quoi inspirer la photographe, qui souhaite poursuivre sa série... et pourquoi pas, l'exposer un jour, hors des murs d'Ikomiris : "les imperfections rendent les photos encore plus belles !", conclut-elle.

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