Sur la commune de Grézieu-la-Varenne dans le Rhône, plusieurs maisons ont été construites sur le site d'une ancienne blanchisserie. Mais les habitants n'avaient pas été informés, alors que le sol était déjà pollué.
C'est un scandale qui entre dans la nouvelle case judiciaire "délit d'écocide", voté en 2021 par les députés et qui s'applique aux atteintes les plus graves à l'environnement au niveau national.
À Grézieu-la-Varenne, charmante commune nichée aux pieds des Monts du Lyonnais, dans le Rhône, à quelques dizaines de kilomètres de Lyon, plusieurs habitants vivent un cauchemar depuis qu'ils ont appris que leurs maisons avaient été construites sur le site jamais dépollué d'une ancienne blanchisserie Mercier qui a fermé ses portes dans les années 1980.
Sous le jardin, une nappe d'hydrocarbures
C'est en 2019 que ce scandale environnemental a éclaté. À l'époque, la famille Devers procède à des travaux d'extension de sa maison. Lors des travaux, les artisans tombent sur une nappe d'hydrocarbures dans le jardin. Comme d'autres voisins, les Devers ont acheté une maison qui a été construite sur le site de l'ancienne blanchisserie, sans le savoir.
Pourtant en 1986, Mercier avait été condamné pour avoir déversé du trichloréthylène, un solvant volatile hautement cancérigène, dans le puit d'un maraîcher de Grézieu. Mais lorsque l'usine ferme, aucune dépollution n'est engagée sur le site. Pire, l'ancien maire de la commune accorde des permis de construire sur les anciens terrains de Mercier. Aucun acheteur ne sera informé du passé industriel du site.
Chez Audrey Marcodini, une mère de famille qui vit seule avec sa fille, un taux de trichloréthylène 800 fois supérieur au seuil maximal autorisé a ainsi été détecté. Elle avait acheté un appartement dans un immeuble construit sur place. "J'ai appris le mardi que le vendredi je devais être partie de chez moi", raconte-t-elle.
"On n'a aucune idée sur l'impact que ça a pu avoir sur notre santé et celle de nos enfants"
Audrey Marcodinihabitant de Grézieu-la-Varenne
"On a été exposés de manière chronique à des polluants qui ne sont pas bons pour notre santé. On vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. C'est un produit qui ne reste pas dans l'organisme. On sait qu'il est passé par là et qu'il peut avoir fait des dégâts. Mais on ne sait pas quoi", confie Audrey Marcodini. Malgré les travaux de dépollution engagés chez elle, elle a choisi de vendre son appartement et de partir ailleurs.
Une plainte contre X
Plusieurs riverains touchés par la pollution ont déposé une plainte contre X au pénal pour délit d'écocide. "Comment est-ce possible aujourd'hui qu'on se retrouve avec des habitants, des enfants, des femmes enceintes, dans cet environnement. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a de nombreux liens entre des acteurs dans ce dossier, qui se sont enrichis aux dépens des victimes", juge maître Louise Tschanz, avocate au barreau de Lyon. Le dossier est toujours en cours d'instruction.