Deux captages d'eau potable pollués aux composants chimiques près d'Annecy

Une pollution aux PFAS - des composants chimiques - a été détectée au printemps sur le réseau d'eau potable de Rumilly, près d'Annecy. Les dernières analyses ont confirmé la contamination de deux captages. La préfecture de Haute-Savoie a pris un arrêté de fermeture.

PFAS, quézaco ? Il s'agit de composés chimiques synthétiques, essentiellement utilisés dans l'industrie depuis les années 1950 pour leurs propriétés antiadhésives, résistantes aux fortes chaleurs et imperméabilisantes. On les retrouve dans des applications industrielles mais aussi dans des produits de consommation : textiles, emballages alimentaires, poêles, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, etc.

Les PFAS peuvent présenter, comme beaucoup de substances chimiques même simples, un risque pour la santé. Il s’agit généralement de risques chroniques, c’est-à-dire liés à une exposition répétée et à long terme.

Des substances interdites depuis plusieurs années

Fin août 2022, l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a fait réaliser plusieurs prélèvements dans deux captages d’eau destinée à la consommation humaine et également à deux points de distribution au robinet sur la commune de Rumilly.

A l’automne 2022, les résultats des analyses sur le secteur de Rumilly ont conclu à ce que ce secteur fasse l’objet d’une vigilance particulière.

Teneurs significatives en PFOA

Les résultats ont alors montré des teneurs significatives en PFOA - un composé PFAS surveillé au niveau européen et interdit depuis 2020. Ces teneurs sont 1,5 fois supérieures à la valeur sanitaire maximale de référence de 75 nanogrammmes/litre sur certains points de prélèvement.

Une campagne d’analyses complémentaire a été menée en octobre pour conforter ces analyses et étendre le périmètre d’investigation. Les résultats confirment que deux captages alimentant le réseau d’eau potable de Rumilly présentent des contaminations aux PFAS.

Deux puits contaminés fermés, une mesure provisoire

Dans l’immédiat, une solution de substitution de court terme a été mise en place lundi 14 novembre. Les captages contaminés ont été déconnectés. Deux ressources extérieures ont pu être mobilisées pour délivrer aux habitants de Rumilly une eau répondant aux préconisations sanitaires.

L’usine Cereal Partners France (CPF) qui produit, à Rumilly, des céréales pour le petit-déjeuner, a également été raccordée au réseau du Grand Annecy. Pour fonctionner, elle exploite en effet trois captages privés qui ont également fait l’objet de contrôles en septembre dernier.

Les résultats avaient alors révélé des concentrations élevées en PFOA alors que l’usine n’emploie pas ces substances dans sa production. Dès le 30 septembre, l'usine a dû se raccorder au réseau public d’eau potable. Ce raccordement concerne également l’alimentation en eau de sept maisons situées autour de l’usine. Trois autres maisons seront prochainement raccordées au réseau public.

Le préfet de la Haute-Savoie avait prescrit, par arrêté du 15 novembre 2022, la restriction de l’usage de l’eau provenant de ces puits privés de l’usine CPF. La restriction concerne toujours la boisson et la préparation des aliments, l’eau pouvant toujours être utilisée pour l’hygiène corporelle et l’entretien. 

Les résultats étaient toutefois rassurants. Les composés PFAS sous vigilance particulière n'avaient pas été détectés dans les céréales produites par l’usine.

Les exploitants industriels priés de faire des analyses approfondies

Parallèlement, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a recherché les sources potentielles de cette pollution, "probablement multiples et en partie historiques".

Les PFAS se dégradent très peu, c’est pourquoi il est possible d’en retrouver trace dans l’eau, l’air, les sols et la chaîne alimentaire, y compris des substances qui ont été interdites depuis plusieurs années.

Le composé PFOA en particulier n’est plus utilisé par les entreprises aujourd’hui mais peut rester présent longtemps dans l’environnement, indique la Dreal.

À ce stade des investigations, trois sources potentielles sont identifiées :

  • Le site industriel de Tefal : en fonctionnement – des PFAS sont utilisés actuellement et retrouvés dans les rejets mais le PFOA n’est plus utilisé depuis 2012 ;
  • L'ancienne usine de fabrication de skis de la société Salomon : site qui a utilisé des PFAS dans le passé, à l’arrêt depuis 2009 ;
  • L'ancienne tannerie Fortier Beaulieu : site qui a probablement utilisé des PFAS, en cours de reconversion en programme immobilier.

Ces trois entreprises potentiellement concernées doivent fournir, d'ici fin décembre, des analyses approfondies. "Le cas échéant, le préfet de la Haute-Savoie prescrira alors une surveillance environnementale aux exploitants concernés, voire la mise en œuvre de plans de gestion si des sources concentrées sont identifiées", indique le communiqué.

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