Ce sont les vignes les plus pentues de la vallée du Rhône. Un travail âpre et pointu, où il faut fidéliser les vendangeurs.
L'appellation Côte-Rôtie a de quoi rendre ses vendangeurs rouges dans l'effort. Imaginez, une pente pouvant aller jusqu'à 60%. "Si on ne s'accroche pas, on se casse la figure" sourit Michel, qui arpente ces vignes pentues depuis 8 ans, de quoi en faire un champion de la chasse au dahu. Dans ces rangées de ceps, ils sont pour la plupart des habitués. Parmi la trentaine de salariés, on croise ainsi la femme et le fils de Philippe Guigal, directeur du domaine.
Pour résister à la dureté du travail sur ces terres surnommées les casse-pattes, il est de tradition de partager un casse-croûte. Vin, pain, saucisson, avec vue sur le petit 1,2 hectare de l'appellation Côte-Rôtie du domaine. "Ça fait du bien de faire une cassure dans les pentes", se réjouit Michel.
Avec les années, le travail est un peu moins rude sur ces terres les plus pentues de la vallée du Rhône. Grâce à un traîneau qui circule avec les cagettes dans les rangs, une invention de Marcel, le père de Philippe, les vendangeurs n'ont pas à porter des seaux remplis de raisins sur le dos.
Néanmoins, la maison tient à fidéliser ses vendangeurs. En cuisine, on retrouve Eve Guigal, l'épouse de Philippe, qui a pour habitude de laisser mijoter environ 80 repas par jour. "Ça fait aussi partie des habitudes de la maison, ça fait toujours un petit moment convivial, c'est important. Côte-Rôtie, c'est une appellation très pentue, très difficile à travailler, il faut choyer les vignerons et les vendangeurs, c'est important."
Philippe et Marcel Guigal nous reçoivent dans leur chai. Leur domaine est un empire. Avec 9,5 millions de bouteilles vendues et un chiffre d’affaires de 72 millions d'euros chaque année, ils savent qu'ils le doivent à leurs salariés et regrettent un manque de reconnaissance général. "En France, on tire à boulets rouges sur le vin, sur la viticulture. Les vins et les spiritueux, ça fait partie des rares excédents de la balance commerciale de la France. Je trouve qu'il n'y a pas assez de reconnaissance de nos métiers, qui sont des métiers nobles" s'attriste Philippe Guigal. Le directeur sait que cette tradition et cette convivialité transmises dans son domaine sont une clé pour que perdure le métier de vigneron.