Vie intime et handicap : des assistants sexuels au statut toujours aussi flou

Ce lundi 3 avril, l’ARS du Rhône et la préfecture organisent une conférence-débat sur la vie intime et affective des personnes en situation de handicap. A cette occasion, nous avons questionné Cybèle Lespérance, assistante sexuelle.

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“La vie intime et affective dans tous ses états !”, voici l’intitulé de la conférence-débat organisée par l’ARS du Rhône et la préfecture, ce lundi 3 avril. Un temps d’échange entre acteurs associatifs, aidants et personnes en situation de handicap. 

Il y a trois ans, nous avions réalisé un reportage avec Cybèle Lespérance, assistante sexuelle pour personnes handicapées et escort. Ce 3 avril 2023, nous avons choisi de la questionner à nouveau sur son activité et son cadre juridique.

Le nombre de demandes a augmenté 

“Le reportage m’a donné une exposition médiatique intense. Je recevais entre trois et dix messages par jour de personnes voulant devenir accompagnant sexuel de personnes en situation de handicap ou de leurs proches, de directeurs d’établissement etc. Malheureusement, j’ai aussi eu des messages malveillants”, confie Cybèle.

Depuis, elle a vu son activité fortement augmenter. Son nombre de clients a doublé, mais ses revenus se répartissent autrement car Cybèle a changé sa façon d'exercer. Si auparavant 50% de son activité provenaient de l’escort et 50% de l’accompagnement des personnes handicapées, c’est aujourd’hui 5 à 10% pour cette dernière.

Et le regard des gens ?  “Ça reste quelque chose qui fascine mais c’est aussi un tabou dont tout le monde parle. Pour moi, l’accompagnement sexuel dépasse le handicap. C’est apprendre à donner du plaisir, connaître ses limites, reprendre confiance en soi …” 

Des formations existent 

Depuis la fin de la pandémie, Cybèle a constaté une hausse du nombre de personnes souhaitant se former. Pour ça, deux possibilités : être autodidacte ou suivre des formations aux côtés d’associations comme l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas) ou l'association suisse Corps Solidaires.

Les candidats sélectionnés peuvent suivre des modules autour du cadre légal, du rapport au touché, des techniques de transfert pour certains clients et apprendre les bases en sexologie et psychologie.

Une activité pourtant toujours condamnable. “Une personne n’a pas le droit d’acheter ce type de service et celles qui mettraient en relation un accompagnant et une personne peuvent être condamnées pour proxénétisme”, détaille Cybèle formée en 2018 à l’Appas et pour qui la loi est hypocrite. “Dans la réalité, la pratique est bien vivante”.

Un encadrement juridique délicat 

“Ces dernières années, rien ne change vraiment au niveau des politiques sur le sujet. On entend peu parler de la ministre déléguée chargée des personnes handicapées”, constate Cybèle qui reste prudente sur la question de l’encadrement juridique des accompagnants sexuels.

D’après cette militante pour les droits des travailleuses et travailleurs du sexe, encadrer cette activité pourrait poser quelques problèmes. “J’ai peur qu’on fasse des exceptions pour les personnes handicapées et qu'on choisisse les pratiques sexuelles qui sont acceptables ou non à la place des principaux intéressés. Par exemple, pas de BDSM avec une personne handicapée alors même que l’accompagnement sexuel c’est explorer les envies et les pratiques”.

La conférence-débat organisée ce lundi 3 avril permettra de nourrir la Conférence nationale du handicap (CNH), prévue au printemps.

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