Un rapport officiel commandé il y a plus d'un an et publié le 14 avril pointe un "constat inquiétant" et de nombreuses sources de pollutions sur le territoire français. La France est en retard sur les réglementations par rapport à ses voisins européens.
Publié par l'inspection générale de l'environnement et du développement durable, ce rapport était attendu depuis un an. Il confirme que la pollution aux perfluorés également appelés polluants éternels, est “inquiétante”. La France toute entière est polluée par ces substances très toxiques, information déjà connue, mais désormais reconnue.
C’est précisément la pollution révélée à Pierre-Bénite autour de l'usine Arkéma qui est à l’origine de ce rapport. Les données confirment que la zone lyonnaise est particulièrement touchée.
La stabilité chimique des PFAS en fait des substances non dégradées dans l’environnement, persistantes, mobiles et bioaccumulables, qualifiées de « polluants éternels ». La principale voie de contamination humaine et animale est la consommation d’eau, puis d’aliments, ainsi que l’inhalation d’air et de poussières
Rapport du 14 avril 2023Inspection générale de l'environnement et du développement durableS
Selon les calculs du rapport, l’usine Arkema rejetterait 3,5 tonnes de PFAS par an. Un chiffre édifiant venant renforcer l'inquiétude de nombreux riverains déjà alertés par les recommandations de la préfecture à "ne pas consommer les œufs produits et de ne pas consommer la chair des volailles"
Le rapport pointe par ailleurs d’autres sources importantes de pollutions comme les sites où l’on a utilisé des mousses anti-incendie contenant des PFAS.
C’est le cas à Lyon, sur le Port Edouard Herriot, où en 1987, 200 000 litres de mousse ont été répandus lors d'un grave incendie. Conséquence : on trouve encore aujourd'hui des PFAS dans la nappe phréatique. Un exemple qui montre à quel point il est nécessaire de surveiller ces molécules dans l’environnement.
La France à la traine sur les règlementations
Autre point préoccupant du rapport, la France est sérieusement en retard par rapport à ses voisins européens. A la fois sur la connaissance, la surveillance, mais aussi et surtout sur la réglementation de ces PFAS. Pas de normes dans le sol, pas de normes dans l’air. Pas de réglementation dans l’eau potable non plus.
Une des difficultés auxquelles les autorités et les industriels sont confrontés, c'est la complexité des processus de dépollution. Les PFAS restent toujours prisonniers quelque part, même si on les filtre. Le rapport préconise donc de travailler à la source des émissions : c'est-à-dire chez les industriels, et d’arrêter leur rejet dans l’environnement.
Ce que le rapport ne dit pas
Deux choses importantes ne sont pas mentionnées et pourtant très attendues notamment par les habitants des zones concernées. La contamination des denrées alimentaires, n'est pas chiffrée hors elle est importante. Les riverains, les producteurs agricoles ne peuvent ainsi pas savoir ce qu'il y a dans leurs produits locaux.
Enfin, le rapport n'évoque pas non plus la nécessité d’étudier l’imprégnation de la population française et notamment celles des zones les plus touchées, or plusieurs collectifs d'habitants réclament ces études en vue d'évaluer les potentiels risques de santé publique auxquels ils sont exposés.