Selon un rapport du Wall Street Journal, les algorithmes d’Instagram facilitent l’accès et la vente des contenus exposant des abus sexuels sur mineurs. La plateforme reconnaît des dysfonctionnements et assure avoir lancé un groupe de travail sur le sujet.
“Instagram connecte un vaste réseau pédophile”. Le titre du rapport est glaçant. Le Wall Street Journal, quotidien américain, et l’université de Stanford dévoilent comment Instagram “connecte les pédophiles et les guide vers les vendeurs de contenu via des systèmes de recommandation qui excellent à relier ceux qui partagent des intérêts de niche”.
L’algorithme de la plateforme facilite l’accès ou l’achat de contenus exposant des abus sexuels sur mineurs via des systèmes de “suggestions d’amis” et de hashtags évocateurs tels que #pedowhore et #preteensex.
Si de son côté Meta (ex-Facebook) reconnaît des dysfonctionnements, l’entreprise propriétaire de Facebook, Instagram et Snapchat assure avoir mis en place un groupe de travail pour trouver des solutions : "Nous recherchons en permanence des moyens de nous défendre activement contre ce comportement". Depuis l’enquête du Wall Street Journal, Meta a bloqué des milliers de hashtags problématiques et a empêché ses systèmes de recommander aux utilisateurs de rechercher des termes connus pour être associés à des abus sexuels.
La bataille du collectif Moore
Le contenu de ce rapport n’a pas de quoi surprendre la Team Moore. Un collectif qui piège les pédophiles sur les réseaux sociaux via de faux profils d’enfants. “C’est juste un écho de ce qu’on dénonce depuis quatre ans maintenant”, constate Neila Moore, l’une de ces traqueuses de pédocriminels de la région Auvergne-Rhône-Alpes et autrice du livre Les prédateurs sont dans la poche de vos enfants.
“Hier encore, j’assistais à un procès à Saint-Etienne. Le président demande au prévenu comment il est entré en contact avec l’enfant ? Grâce aux suggestions d’amis d'un réseau social. À chaque fois, c’est pareil, déplore cette jeune mère de famille avant d’ajouter, les plateformes ont une forme de complicité passive”.
Pourtant, selon le collectif qui réunit une cinquantaine de traqueurs depuis sa création en 2019, il existe des moyens pour lutter. “Il y a des outils informatiques pour repérer des mots clés dans une conversation privée, mais ce n’est pas utilisé. On ne fait rien et on laisse prospérer”, regrette Neila Moore, de son nom d'emprunt. Environ 1 enfant sur 10 serait sollicité par un adulte à des fins sexuelles, selon Europol.
En 2019, le fondateur de la Team Moore avait interpellé Emmanuel Macron à ce sujet lui demandant de mettre la responsabilité sur les plateformes. “On est en 2023, rien n’a changé”, regrette Steven Moore.
Les conseils de la Team Moore
Voici quelques conseils de Neila Moore pour protéger les enfants des prédateurs sur les réseaux sociaux :
- Ne pas poster de photos ou vidéos en public sur son compte
- Ne pas accepter des demandes d’amis venant d’inconnus
- Ne donner aucune information sur son identité (âge, lieu d'habitation, travail, école, etc.)
- Donner les codes et les outils aux enfants
“La saison estivale arrive alors, j'en profite pour alerter comme chaque année. Les parents mettent parfois des photos de leurs enfants en maillot de bain. Mais elles peuvent être volées et finir sur des sites pédopornographiques. Pour quelqu’un de normalement constitué, ce sont de simples photos mignonnes, mais pas pour tous.”
Le collectif Moore a traité 135 dossiers depuis sa création en 2019 et obtenu 85 arrestations, 45 d'entre elles ont donné lieu à des condamnations.