Dans les Monts du Lyonnais, une convention lie 190 éleveurs à un groupement de vétérinaires. Contre une participation annuelle fixe par tête, ils ont accès à des soins des que nécessaire. Mais ce n'est pas le seul avantage.
Attentive, Chloé Astruc inspecte la queue d'une vache. "Elle s'est fait marcher dessus", diagnostique-t-elle. La vétérinaire sort une tondeuse pour raser l'extrémité et sort de sa poche un bandage rose fluo, avant de l'enrouler délicatement autour de la blessure. A ses côté, Jean-Guy Barrat lui prête main-forte durant l'opération. Il est le propriétaire du bovidé blessé.
"Ça c'est typiquement le genre d'intervention que Jean-Guy peut faire tout seul", s'exclame Chloé. "Si je le fais aujourd'hui c'est parce que je suis venue pour une autre vache malade." Si l'éleveur aurait pu s'occuper lui-même de la blessure de sa vache, c'est parce que Chloé et ses associés vétérinaires lui ont appris à prodiguer les premiers soins à son troupeau.
"Infirmier vétérinaire"
Cet apprentissage fait partie des services inclus dans la convention que propose le groupement de vétérinaires de Chloé Astruc à 190 éleveurs dans les Monts du Lyonnais. Le principe : chaque éleveur paie une cotisation, en l'occurrence 36 euros par tête par an, et échange, ils peuvent faire appel à un vétérinaire n'importe quand, sans payer la consultation. Seuls les médicaments ou les examens type radio sont facturés.
Former les éleveurs aux premiers secours permet ainsi aux vétérinaires de ne pas se déplacer pour de la bobologie avec le risque de mettre en péril le montage financier. Mais cela permet aussi de faciliter la transmission des éléments à savoir. "Comme ça, au téléphone, ils sont capables de nous dire précisément ce qu'ont leur bête", explique Chloé. "Et si on vient, on est sûr qu'ils ont déjà tenté quelque chose tout seul."
Un autre avantage, "on appelle plus nos vétérinaires comme des pompiers," explique Jean-Guy Barrat. En d'autres termes, les éleveurs n'attendent plus le dernier moment pour faire appel à un vétérinaire, craignant le prix de la consultation. Grâce à cette convention, un véritable lien de confiance lie les éleveurs aux soignants. "On travaille véritablement main dans la main", commente Chloé Astruc.
"Avoir une approche globale"
Cette collaboration permet également aux vétérinaires de produire et fournir aux éleveurs des statistiques sur leur cheptel. Ainsi, "on est sur une approche plus globale du troupeau, pas que sur l’animal malade", explique Magali Razy Présidente de l'association FEVEC qui réunit les éleveurs conventionnés. "On va mieux prendre en compte en amont les maladies et les problèmes sanitaires. Les bêtes sont donc en meilleure santé", poursuit-elle.
Jean-Guy Barrat nous donne un exemple : "Si j'achète beaucoup de sachets nutrition pour réhydrater mes veaux en cas de diarrhée sur une année, c'est qu'il y a peut-être un problème avec le bâtiment ou avec la préparation de la mise à bas des vaches", explique-t-il. Ainsi, il peut prendre des mesures préventives et, à terme, améliorer la santé de son bétail.
Gagner en qualité de vie
Du côté du groupement de vétérinaire de Chloé Astruc, on trouve également son compte. "Comparé à un vétérinaire libéral, je n’ai pas de clients, je n’ai que des collègues de travail", nous confie-t-elle d'un air malicieux. "Pendant mes stages à l’école je n’avais pas l’impression d’être du côté de l’éleveur. Je n’avais pas l’impression de lui apporter toute l’aide que je voulais lui apporter. Il y avait toujours le problème de l’argent ou le fait d’arriver trop tard."
Côté rémunération, elle s'y retrouve également. "On n’est sûrement pas aussi bien payé qu’en libéral mais on fait ce choix en échange d’une qualité de vie et de travail sans pareil", témoigne-t-elle. Pour sa part, avec ses 3 associés et leur employé, elle peut travailler 4 jours par semaine avec une nuit par semaine et un week-end par mois de garde tout en se rémunérant sur les bases de la convention collective des vétérinaires.
La jeune femme se dit ravie de son choix. "Personne n'est perdant", nous lance-t-elle avec le sourire. Ce type de convention existe également dans les Hautes-Alpes et dans l'Aveyron.