Depuis ce mardi 19 novembre 2024, un officier des sapeurs-pompiers du Rhône est en grève de la faim. L'ensemble des sapeurs-pompiers du département réclame une revalorisation salariale et des effectifs face aux conditions de travail dégradées.
Lionel est en grève de la faim depuis hier, mardi 19 novembre 2024. Sapeur-Pompier depuis des décennies, il estime qu'il ne lui reste plus que ce moyen pour attirer l'attention sur la condition des pompiers dans le département.
Depuis plusieurs semaines la colère gronde chez les secouristes qui multiplient les actions pour alerter la population.
Des primes supprimées
Pour Lionel, officier chez les sapeurs-pompiers, la suppression prochaine de l'ICL (indemnité compensatrice de logement) est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Cette indemnité représente entre 500 à 600 euros par mois. Seuls 300 pompiers la touchent, les plus anciens car la métropole a intégré des "anciens" de la Courly dans ses effectifs, et cette prime était un acquis ancien du temps de la Courly.
Au moment où les logements en caserne ont été vendus, en 2010, cette prime venait compenser les prix élevés des logements sur Lyon.
"Nous faisons partie des Sapeurs-Pompiers les moins bien payés de France", explique Brian Canale, secrétaire général de la CGT des pompiers du Rhône.
Disparités de traitement
La métropole finance le Sdmis (service départemental métropolitain d'incendie et de secours) à hauteur de 80%. Cependant la disparité de traitement avec les agents de la Métropole, les irrite. "Le 30 septembre 2024, nous avons été reçus par la présidente du Sdmis (Zémorda KHELIFI), reprend Brian Canale, qui a annoncé la suppression de l'ICL et d'une autre prime de 22 euros dont bénéficiaient 700 sapeurs-pompiers. La même semaine un communiqué annonçait que les agents de la Métropole de Lyon allaient être augmentés de 150 euros en 2026 pour rattraper les avantages acquis au moment de l'ancienne Courly", s'insurge le représentant syndical.
Autre différence de traitement pour les pompiers rhodaniens, la prime JO. Les Sapeurs-Pompiers ont été sollicités pour les JO, perdant toutefois une semaine de vacances. Une perte qui devait être compensée par une prime que les pompiers du 69 attendent toujours, alors que l'ensemble des SP de France aurait été payé.
"L'absence de revalorisation salariale, les primes supprimées sont autant de motifs qui expliquent l'action de Lionel", dit-il. "C'est un officier, cela signifie que le mépris ressenti est partagé. Chez nous les cadres ne sont pas hors sol. Ce manque de considération de la part des élus, à qui on demande de faire des économies et eux, ils les répercutent sur les pompiers ce n'est pas possible," détaille Brian Canale.
Des conditions de travail toujours plus difficiles
"Depuis environ 15 ans", témoigne le pompier, "le nombre de sapeurs-pompiers dans le Rhône, qui partent en intervention, a baissé de 10%, pendant ce laps de temps les interventions ont augmenté de 30%, tout comme la population métropolitaine qui a progressé de 12%".
"Avant, précise-t-il, le temps moyen pour se rendre sur une intervention était de 10 minutes, il est de 12 minutes actuellement. Travaux sur la voie publique, manque d'effectif et "re-couverture" opérationnelle entre caserne (c’est-à-dire quand la caserne la plus proche n'est pas disponible, la suivante est sollicitée), pour nous le budget ne doit pas conditionner la manière d'intervenir des sapeurs-pompiers car derrière nos actions il y a des gens à secourir" conclut-il.
La mobilisation ne faiblit pas, la fête des lumières est dans leur ligne de mire pour une prochaine manifestation de leur mécontentement. Leur objectif reste d'alerter la population sur leur situation.