Les pompiers du Rhône sont désespérés et dénoncent un manque de budget et de moyens humains pour mener à bien leurs missions. Pour se faire entendre, ils ont muré dans la nuit du 3 au 4 novembre l'entrée de l'état-major où siège la direction.
C'est une image symbolique : l'entrée de l'état-major des pompiers du Rhône, rue Rabelais (Lyon 3e), murée, avec l'inscription "Pompiers humiliés, méprisés, danger". Cette action a été menée par les sapeurs-pompiers pour dénoncer le manque de moyens récurrent dans le département. Ils veulent ainsi "attirer l'attention de la direction et du grand public sur les conditions insoutenables" auxquelles ils affirment faire face "au quotidien", affirme Nicolas Laumet, co-délégué départemental au syndicat SUD.
Pour se faire entendre, ils ont entamé une grève depuis le mois d'octobre. La direction leur a "donné rendez-vous deux ou trois fois" mais a "noyé le poisson, sans résultat". Mais aujourd'hui, il y a urgence : les pompiers entendent accentuer la pression car "les budgets vont bientôt être votés dans les administrations et on a besoin de réponses concrètes."
Manque d'effectifs
Au cœur de leurs revendications : le budget. Ils demandent notamment, "en urgence", des effectifs de sapeurs-pompiers supplémentaires. La direction "essaie de combler en faisant appel aux volontaires. Mais ils ont des contraintes professionnelles et familiales qui ne permettent pas une sollicitation H24", souligne l'adjudant-chef Nicolas Laumet. Conséquence : "des collègues se retrouvent à faire des heures plus importantes" avec des interventions plus loin que leur secteur d'origine.
En 10 ans, les effectifs des pompiers du Rhône ont baissé de 100, alors même que le département voit sa population augmenter de 20 000 habitants par an, soit l'équivalent de la ville de Givors. "On a tellement de sursollicitations qu'on doit utiliser, sur des opérations de secours à la personne, des effectifs de la défense incendie, normalement en réserve en caserne".
Pas de revalorisation salariale
D'autant que les opérations des pompiers se multiplient ces dernières années : vaccination et tests pendant la période Covid, coupe du monde de rugby, Jeux Olympiques et Paralympiques, mais aussi sur les feux de forêts dans le sud de la France, ou plus récemment les intempéries comme ces dernières semaines en Rhône-Alpes.
Une "absence de reconnaissance et de revalorisation salariale", alors qu'ils vont être dans l'obligation de réaliser de nouveaux gestes médicaux, sans compensation contrairement à d'autres professions. "Par exemple, rien que pour la mise en place d'un électrocardiogramme, les aides-soignants reçoivent 150 euros de plus par mois. Nous, on va avoir 12 gestes de plus à faire, et on va avoir 17 euros par mois", s'inquiète Nicolas Laumet.
Conséquences sur la population
Ces "conditions de travail inacceptables", de "mal-être des pompiers", ont pour conséquences la mise "en danger" des pompiers, mais aussi de la population. "Lorsqu'on doit mettre ne serait-ce que trois ou quatre minutes de plus pour intervenir, ça peut être tragique, dénonce Nicolas Laumet. Les spécialistes de la santé le disent ; une prise en charge tardive diminue fortement les chances de survie."
"Quand on met les pompiers en porte-à-faux, c'est toute la population qu'on met en porte-à-faux", conclut Nicolas Laumet. Les pompiers entendent maintenir le mouvement de grève jusqu'à la fête des Lumières, "et même au-delà s'il le faut".