Jeudi 10 novembre,16h00, les victimes comptent faire du bruit devant le palais de justice de Lyon. "On souhaite que la France sache ce qu'il se passe et ce qu’on fait pour les personnes qui ont été abusées. Parce qu'actuellement, il y en a qui ne croient plus en rien” affirme Nanou Couturier, présidente de l’association des abusés sexuels de l’Église et également victime durant son enfance.
Depuis la parution de la Commission Sauvée, il y a un an, les victimes réclament des réparations à deux instances. Les personnes abusées par des prêtres religieux de congrégation se dirigent vers la Commission reconnaissance et réparation (CRR) et les victimes des prêtres de paroisse vers l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr). Problème, aucune d’entre elles n'est considérée comme adaptée par les personnes concernées.
“Il faut revenir sur la réformation de ces deux instances, parce que ce sont elles qui ont choisi le montant reversé aux victimes” explique Nanou Couturier. Un somme allant jusqu'à 60 000 euros, mais insuffisante pour réparer les dommages causés. “Comment ces 60 000 euros vont-ils couvrir rien que les soins des personnes qui y ont eu recours toute leur vie ?” s’interroge la présidente de l’association des abusés sexuels de l’Église.
À titre personnel, elle dénonce même le ridicule de ses aides. "Ils m'ont proposé des soins vétérinaires que l'Église paierait pour mon chien parce que j'ai une vie un peu difficile. Et éventuellement de me verser une petite rente tous les mois", confie Nanou Couturier. "Et là, je me suis dit, ce n'est pas possible ! Et ensuite, ils demandent : combien voulez-vous ?", dit-elle dépité. Mais comment estimer le préjudice subi ?
Un processus pas assez rapide
S’ajoute à cela, la “lenteur de ces deux instances" affirme Nanou Couturier. Elle complète
J’ai une victime dans l'association qui est devenue un numéro et on lui dit qu’un référent le recevra fin du deuxième semestre 2023. Et ça, les gens ne peuvent plus l’encaisser. C’est la révolte, c’est la colère, c’est le désespoir.
Nanou Couturier
D’autant plus que la plupart des victimes ont un âge avancé, “beaucoup d’entre elles sont même déjà mortes. Donc si on laisse les victimes trop en attente, elles vont en crever.” conclut-elle.
Une mobilisation symbolique
Alors, pour faire entendre la colère de tous ces hommes et ces femmes, meurtries par ces abus, Nanou Couturier et les membres de son association se rendront devant les marches du palais de justice jeudi 10 novembre. “C’est un lieu symbolique, parce que nous ce qu'on réclame, c’est la justice”.
Elle ajoute “après on sait très bien que les juges ne feront pas quoi que ce soit, puisque nous sommes des victimes prescrites”. L’idée principale étant que la France se rend compte du traitement des personnes abusées.