La signature d'une nouvelle charte de bonne conduite entre les riverains de l'aérodrome de Bron dans le Rhône, et ses utilisateurs crispe les deux parties. Les premiers, excédés, trouvent qu'elle ne va pas assez loin. Les seconds refusent de la signer.
"Il faut s’imaginer que toutes les 7 minutes, il y a un avion qui passe au-dessus de vos têtes", tempête Thierry Arsac, un habitant de Saint-Priest dans le Rhône, dont le jardin se trouve dans la zone de décollage et d'atterrissage de l'aérodrome de Bron.
Thierry, excédé, est devenu le porte-parole de l'association de Lutte Contre les Nuisances Aériennes (Saint-Priest), qui milite pour que des solutions soient trouvées, alors que l'activité de l'aérodrome continue de se développer.
de son côté, l'aérodrome, contacté, ne souhaite pas communiquer.
Signature d'une nouvelle charte de l'environnement
Une première avancée pourrait arriver avec la potentielle signature d'une nouvelle charte de l'environnement sur la période 2022-2027. Il s'agit d'un accord de bonne conduite à tenir, créé au-delà de toute réglementation légale, et signé entre toutes les parties concernées : communes riveraines de l'aérodrome et acteurs de l'aviation.
Des plages horaire seraient instituées (différentes l'été et l'hiver) et les appareils d'aviation légère devraient être équipés d'outil de monitorage. Cela "afin de dénoncer certains avions qui dérogent des règles établies au sein de la charte", explique Thierry Arsac.
Bien que cette charte confèrerait des avancées, elle ne va pas suffisamment loin pour les riverains. "La charte ne va régler que les problèmes localisés aux droits des pistes", explique François Wolf du mouvement associatif riverains Bron aviation.
"L’ensemble de l’Est lyonnais restera soumis [...] aux nuisances des activités aéronautiques : les vols circulaires, les survols intempestifs ; la trajectoire de prise de terrain par exemple".
La réglementation sur l’aviation est archaïque, elle est fondée sur des objectifs de sécurité et n’intègre aucune norme environnementale.
François WolfMouvement associatif riverains Bron aviation
Des problèmes que la charte ne pourra pas régler. Déjà parce que "nous sommes allés le plus loin possible dans les négociations et les autres parties refusent de signer" avance François Wolf, mais surtout car "la réglementation sur l’aviation est archaïque. Elle est fondée sur des objectifs de sécurité et n’intègre aucune norme environnementale", explique-t-il.
Des aviateurs pro-actifs mais qui refusent de signer la charte
Du côté des aéroclubs et de l'école de pilotage, ils estiment adhérer parfaitement aux problématiques des riverains de l'aérodrome, et assurer également mettre en place des dispositions pour limiter les nuisances sonores générées par les avions.
"On travaille nos trajectoires, on travaille avec des cartes très précises pour éviter au maximum les nuisances sonores provoquées par les machines. On met l’accent sur les formations, on forme et on sensibilise nos instructeurs", plaide le pilote Olivier Clavel, mandaté pour suivre les négociations de la charte.
Il explique que les aviateurs refusent de signer cette charte à cause des deux articles plébiscités par les riverains. En premier lieu, se doter d'avions équipés de monitors représenterait, selon Olivier Clavel, un coût trop important à court terme. "On est d'accord pour s'équiper, mais cela coûte très cher donc on a besoin de plus de temps."
Et par ailleurs, ces nouveaux appareils ne seraient pas encore homologués pour pouvoir être utilisés dans des processus de formation au pilotage qui est une activité économique importante à l'aérodrome de Bron.
Enfin, quant à l'instauration de plages horaire, les aviateurs s'y refusent, notamment pour des raisons de sécurité.
Si on restreint l’activité, on va la densifier sur une tranche horaire plus courte. On va mettre en jeu le bruit mais aussi la sécurité des vols !
Olivier ClavelPilote mandaté pour les négociations de la charte
La charte doit être officiellement signée le 5 mai. Pour l'heure, les négociations sont au point mort.