VIDEO. Défi du mois de janvier sans alcool : "le plus souvent on est dans le déni"

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Laurence Cottet, créatrice du janvier sans alcool était l'invitée de Paul Satis dans l'Entre-deux du 3 janvier 2023 ©Francetv

Ancienne dépendante à l'alcool, Laurence Cottet, basée à Grenoble, a importé le Dry January en France sous le nom de Janvier Sobre. L'idée de ce défi est d'arrêter ou de réduire sa consommation d'alcool durant le premier mois de l'année.

Laurence Cottet, ancienne dépendante à l'alcool, patiente experte en addictologie au CHU de Grenoble et créatrice du Janvier sobre (ou Dry January en anglais) est l'invitée de Paul Satis dans l'Entre-Deux de ce mercredi 3 janvier 2023.

Elle répond à toutes les questions sur ce défi, sur la dépendance à l'alcool, mais donne aussi des conseils pour se faire aider. 

Paul Satis : C’est quoi cette idée du Janvier Sobre, Dry January en anglais ?

Laurence Cottet : l’idée c’est avant tout de se questionner sur son rapport à l’alcool et de se tester. C’est-à-dire qu’on se fixe un défi. Cela peut-être zéro alcool mais cela peut-être aussi consommer moins d’alcool. L’important c’est : ou d’arrêter ou de réduire.

Est-ce qu’il existe quelque chose, une application ou un site internet, où l’on peut suivre sa consommation et suivre son défi ?

Mais il peut y avoir une petite entorse. Si vous buvez le 6 janvier ce n’est pas grave. Il ne faut pas que ce soit une punition le Janvier Sobre.

Laurence cottet, addictologue CHU Grenoble

Je ne peux que vous parler de mon groupe Facebook, où nous sommes déjà 3500. Il y a des outils, des informations cliniques et scientifiques, notamment sur les bienfaits d’une réduction de la consommation d’alcool de s’abstenir. Mais surtout, il y a beaucoup d’encouragements. En cas de difficulté, vous pouvez faire un post et il y aura toujours une trentaine de personnes qui vous soutiendrons en vous donnant des astuces.

Rien n’est obligatoire vous l’avez dit, surtout qu’arrêter l’alcool pendant un mois cela peut être difficile n’est-ce pas ?

Un mois c’est long. D’autant plus qu’au mois de janvier il y a des événements festifs comme l’épiphanie ou les cérémonies de vœux dans les entreprises, sans compter les anniversaires. Donc c’est long et ce n’est pas facile. Mais il peut y avoir une petite entorse. Si vous buvez le 6 janvier ce n’est pas grave. Il ne faut pas que ce soit une punition le Janvier Sobre.

L’addiction à l’alcool est très pernicieuse. Peut-on être dépendant à l’alcool sans s’en rendre compte ?

C’est souvent le cas en fait. On croit que tout va bien. La grande phrase c’est « t’inquiète je gère », or le plus souvent on est complètement dans le déni. C’est beaucoup plus courant que l’on imagine. En France, ce sont 5 millions de personnes, qui ont un problème avec l’alcool. Cela représente 1 français adulte sur 10.

L’alcool est une drogue, une drogue dangereuse…

Tout à fait. Lorsque vous êtes au stade de l’obsession du produit, chose que j’ai connu pendant 15 ans, il n’y a que ça qui compte.

C’est-à-dire ?

Si on m’invitait quelque part, il y avait de bonnes chances pour que je ne sois pas au rendez-vous. Les conséquences sont dramatiques sur le plan professionnel ou sur le plan familial. Une maman ne va pas chercher son enfant parce qu’elle n’est pas en état d’aller le chercher.

Est-ce une addiction plus facile à soigner si elle est prise en charge tôt ?

Plus on prend tôt la personne en charge et plus on a des chances de la rétablir sans séquelle physique et neurologique. Personnellement j’ai arrêté de boire à 48 ans, j’en ai 62 aujourd’hui et je n’ai pas de séquelles dramatiques, c’est formidable. D’où l’intérêt d’en parler le plus tôt possible.

Qui faut-il aller voir ? Son médecin généraliste ? Un centre d’addictologie ?  

Oui, on peut aussi aller voir des associations d’entraide. Les alcooliques anonymes peuvent être d’une grande aide mais moi je pense que l’on n’a pas besoin d’être anonyme. Il ne faut pas avoir honte. On parle d’une maladie et il ne faut pas avoir honte d’être malade.

Est-ce compliqué de s’en sortir seul ? Doit-on nécessairement être aidé ?

C’est quasiment impossible de s’en sortir seul. Il faut absolument se faire aider sur le plan médical mais aussi psychologique. Pour s’en sortir vraiment, il faut travailler la ou les causes qui se cachent derrière l’alcool et là, on a besoin d’un accompagnement thérapeutique.

Le fait d’arrêter peut-il déclencher une souffrance physique ?

Oui totalement. Le sevrage est compliqué. On peut nous prescrire un traitement médicamenteux pour soulager ses angoisses. Mais le plus important, c’est l’accompagnement pour qu’un jour l’alcool ne soit plus nécessaire pour se sentir bien. 

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