A Villefranche-sur-Saône, la CGT de l’Hôpital Nord-Ouest a lancé une Alerte CHSCT sur le Registre des Dangers Graves et Imminents. Elle fait suite à un nombre inquiétant d’appels de détresse provenant de plusieurs agents, travaillant dans différents services de l’hôpital.
Dans le contexte actuel de pandémie, cet établissement de 1600 salariés, soignants et médecins, est en proie à un déficit chronique de personnel. Selon des responsables du CHSCT, l’hôpital dénombre entre 40 et 50 agents atteints du Covid, sans compter les nombreux cas contact qui interrompent leur présence sur 24 à 48 heures, le temps que les tests soient réalisés.
Conséquence : une équipe "infirmière et aide-soignante" s’occupe de 11 malades Covid contre 5 à 6 durant la première vague du printemps." Un quasi-doublement qui intervient dans une période où le personnel est à bout ", explique Caroline Arens, représentante de la CGT au CHSCT, qui appelle à des renforts… qui ne viennent pas. Tout début novembre, l’hôpital a fait une communication sur les panneaux électroniques de la mairie de Villefranche. Sans grand succès. Là où il faudrait entre 30 et 50 personnels en renfort selon le CGT, seuls trois personnes ont répondu présent : une infirmière de bloc, une infirmière anesthésiste et une aide-soignante.
En attente d'une réponse de l'ARS
Pour la CGT, qui a déclenché cette alerte pour dangers graves et imminents, la direction de l’hôpital n’est pas en cause. « Elle fait tout ce qu’elle peut, reconnaît Laetitia Houssaye, Secrétaire du syndicat CGT. Nous avons saisi l’Agence régionale de santé afin qu’elle déclenche des réquisitions, mais elle ne nous a pas répondu. Et quand elle le fait, c’est pour renvoyer vers notre direction… »
Les semaines passent et les soignants ont le sentiment de ne pas être entendus. Epuisement, fatigue chronique, perte de moral, tension extrême, des infirmières en pleurs à la fin de leur prise de poste… « On va se retrouver dos au mur dans peu de temps, préviennent des soignants.
Vis-à-vis des patients, le sentiment confine à une dégradation de la prise en charge des malades, de plus en plus criante. Malgré les heures supplémentaires destinées à inciter les soignants à venir travailler sur leurs repos ou leurs congés, le manque de personnels se fait crûment sentir.Bientôt dos au mur, qu'allons-nous faire ?
Leur crainte ? Que dans les semaines qui viennent, les arrêts maladie se multiplient, au détriment des malades. Et ce n’est pas la fermeture des lits dans les services hospitaliers non-urgents qui vont régler, selon les membres du CHSCT, le problème. La situation va être littéralement dramatique : « Il n’y a pas que le Covid. Un malade peut avoir une dysenterie importante, comment va-t-il se faire soigner. Et s’il n’est pas pris en charge, qui va s’apercevoir qu’il a un début de cancer ? », s’interroge à voix haute Caroline Arens. « La première vague a laissé pas mal d’agents sur le carreau. Là, c’est certain, on va craquer si on n’a pas de renforts ! »