Le village médiéval de Saint-Antoine l'Abbaye, au coeur de la forêt iséroise, abrite un atelier familial de taille de pierre. Repaire de Claude et Christophe Chevènement, qui forment chaque année une dizaine de "bons oeuvriers". Plus qu'une technique, il s'agit d'un art. Voire d'une philosophie.
Depuis la construction des cathédrales il y a 800 ans, les outils des tailleurs de pierre n'ont pas changé. Ce sont les mêmes qu'utilisent Christophe et Claude Chevènement, dans leur atelier de taille blotti à l'ombre de l'Eglise de Saint-Antoine l'Abbaye, en Isère.
"Dans la lenteur et la justesse du geste"
"Ce qui est marrant, c'est qu'il n'y a pas de réseau téléphonique dans cette pièce. Vous franchissez le mur, là, et c'est fini. Vous êtes coupé du monde, et vous êtes 'à la pierre'" s'amuse Christophe Chevènement, tailleur-sculpteur. "On est dans la lenteur et la justesse du geste", poursuit-il.
Il travaille avec son père, Claude, qui taille la pierre depuis 50 ans. Il y a vingt ans, Claude faisait le tour de France des compagnons, emmenant sa femme et ses trois enfants en caravane.
Une transmission assurée
"Le compagnonnage, c'est aussi un état d'esprit, une façon de voir la vie, [...] de voir plutôt l'aspect qualitatif que quantitatif. Ca, mon père me l'a bien appris" commente Christophe. "La pierre est traitée comme quelque chose de vivant, qu'on respecte, qu'on aime", confirme Deborah, la stagiaire. "C'est comme si on avait un échange avec la pierre."
"Christophe et Claude disent que c'est un art martial, l'apprentissage de la taille de pierre. Je trouve que c'est plutôt bien résumé, car ça nous apprend à être patients, ça nous apprend à toujours repousser ses limites", juge la jeune femme.
Intervenants : Christophe Chevènement, tailleur-sculpteur de pierres ; Deborah, stagiaire; Claude Chevènement, tailleur-sculpteur de pierres
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