Ce mercredi 8 janvier, le procureur Patrick Quincy a d'abord tenu à préciser le contexte de la conférence de presse, "afin que ne soient plus diffusées de fausses informations", expliquant que la famille demande aussi que soit préservée sa tranquillité.
"L'enquête a bien avancé", a d'emblée affirmé Patrick Quincy, évoquant les auditions de pisteurs, de témoins, de médecins... les constatations et les expertises des skis et du casque. Concernant la vidéo enregistrée par la caméra GoPro de l'ex-pilote, le magistrat a expliqué qu'il reste à effectuer une "transcription séquence par séquence, image par image" pour peut-être déterminer la vitesse. Parlant du skieur allemand qui aurait filmé la scène, le procureur a affirmé ne pas avoir d'éléments.
En préambule, le représentant de la Justice a tenu à préciser que les "mêmes investigations sont menées lorsque des accidents graves se produisent" sur les pistes, en Savoie. "Nous avons la chance d'avoir des enquêteurs très spécialisés", a-t-il ajouté, parlant d'une cinquantaine de procédures du même type, chaque année, dans les 47 stations savoyardes.
Reportage Florine Ebhah et Didier Albrand
Rappelant les faits, Patrick Quincy a qualifié Michael Schumacher de "très bon skieur" qui a passé les jalons qui balisaient la piste rouge et qui, "dès lors, s'est retrouvé en hors-piste". Visiblement, son ski a accroché un caillou à 3m50 de la piste et l'ex-pilote est tombé plus bas, après avoir été déséquilibré. Sa tête a heurté un rocher à 9 mètres du bord.
Les questions, les réponses
La vidéo tournée par la GoPro de Schumacher.
"Nous avons procédé à l'examen du film qui est parfaitement lisible et confirme les éléments que nous avions déjà (...) nous profiterons de ce film pour une remise en situation, pour suivre l'itinéraire précis de Michael Schumacher". Une vidéo de 2 minutes arrivée "naturellement" dans l'enquête, remise par la famille jugée "très coopérative" par les enquêteurs.
En revanche, contrairement à ce qui est évoqué par la porte-parole de Schumacher depuis le début, le film ne montre pas que l'ex-pilote s'est arrêté pour secourir quelqu'un, "mais l'enregistrement a pu être arrêté". Le son, qui est seulement celui d'une scène de glisse sur une neige poudreuse, pourra peut-être servir aux experts.
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La vitesse.
Pour le Commandant Bozon, du PGHM de Bourg-Saint-Maurice, la vitesse de Michael Schumacher était "celle d'un bon skieur sur un terrain peu pentu". Il évoluait "en petits virages", "en petites godilles", avec "des petites ondulations", à "une allure tout à fait normale pour un skieur confirmé", a expliqué l'enquêteur incapable de donner une fourchette quant à la vitesse, du moins pour l'instant. "Pour moi, la vitesse n'est pas un élément particulièrement important", dixit le procureur. A la question, Michael Schumacher a-t-il commis une imprudence? le procureur a refusé de répondre.
Un balisage conforme.
Le balisage était "conforme aux normes", selon le procureur avec des jalons. Ces piquets signalaient bien le passage dans une zone hors-piste, "un espace qui n'était pas entretenu, avec les dangers traditionnels de la montagne" (en l'occurence avec des rochers). Michael Schumacher "a choisi délibérément" d'aller skier dans cette zone hors-piste, située entre deux pistes balisées.
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Tout semble donc dédouaner l'exploitant sur ce point, même si la question n'apparaît pas complètement tranchée. La justice doit encore réfléchir sur la notion de "piste de fait", comme Michael Schumacher se trouvait en hors-piste mais entre deux pistes. "Nous allons examiner cette question", a confirmé Patrick Quincy, même s'il a rappelé que "la notion de piste est reconnue par un arrêté du code l'urbanisme (R 145-4), il s'agit d'un parcours sur neige délimité et préservé des dangers, réservé aux skieurs", ce qui n'était pas le cas de la zone où le skieur a chuté.
Le matériel hors de cause.
Les skis ont été saisis et remis à l'ENSA de Chamonix qui a mené une première expertise. "Ils étaient en parfait état, quasiment neufs et ne sont pas en cause dans l'accident", a ajouté le Commandant Bozon, ils portaient "des traces de grattage d'une surface rocheuse". "Les fixations étaient en bon état". Le casque s'est bien brisé en deux.
Les poursuites.
A la question, qu'est-ce qui pourrait justifier des poursuites? Patrick Quincy a cité, en bloc, tout ce qui peut conduire à des poursuites en pareil cas, et même si certaines pistes semblent déjà abandonnées: "une faute, une imprudence, un manque de balisage que l'on pourrait reprocher à l'exploitant (...) mais je suis pour l'heure dans le recueil d'informations". Le procureur qui a affirmé n'avoir été saisi d'aucune plainte et dit ne pas se fixer de délais pour rendre ses conclusions.