Pierre Carraz, l’ancien entraîneur d’Aix-les-Bains, est décédé des suites d’un AVC à l’âge de 82 ans dans la nuit de vendredi à samedi. Il avait repéré et entraîné l’athlète Christophe Lemaitre, qui s’est imposé comme le meilleur sprinteur français de sa génération.
Le monde de l’athlétisme pleure l’un de ses membres emblématiques. L'ancien entraîneur Pierre Carraz est décédé dans la nuit du vendredi 30 décembre des suites d’un AVC à l’âge de 82 ans.
Au lendemain de sa mort, la Fédération Française d’Athlétisme a salué "la mémoire d'un immense entraîneur et éducateur, figure du club de l'AS Aix-les-Bains, qui emmena notamment au plus haut niveau Christophe Lemaitre".
C’est en effet Pierre Carraz qui a révélé le potentiel olympique du jeune athlète natif d'Annecy. Christophe Lemaitre n’a découvert cette discipline qu’à l’âge de 15 ans, au détour d’une fête des sports près de chez lui. Timide, victime de moqueries à l’école, l’adolescent est mal dans sa peau jusqu’à ce qu’il rencontre l’entraîneur d’Aix-les-Bains. "C’était un taiseux, il n’osait pas me regarder en face, il regardait ses chaussures" avait raconté Pierre Carraz au micro de France 3 en 2017.
Une ascension fulgurante
Puis c’est l’ascension fulgurante. Le surdoué est champion du monde junior du 200 mètres. Lors des championnats de France 2010, il établit son premier record national sur 100 mètres en 9 secondes 98, et devient "le premier sprinteur blanc" à courir officiellement cette distance en moins de dix secondes depuis la mise en place du chronométrage électronique.
Il s’illustre ensuite en remportant la médaille de bronze du 200 mètres des Mondiaux 2011 de Daegu ou encore le bronze un an plus tard sur le 4x100m des JO de Londres.
Puis Pierre Carraz se met en retrait, tout en supervisant le suivi de son champion, via son nouveau coach Thierry Tribondeau. Entre 2013 et 2016, les blessures et les critiques ébranlent la carrière de l’athlète, qui subit trois ans de doutes, de contre-performances, et d’attaques médiatiques. "C’est un peu logique qu’on dise qu’à Aix c’est la cambrousse, que les entraîneurs ne sont pas bons et que Christophe doit aller ailleurs, avait réagi Pierre Carraz lors d’une interview en 2018. Mais Christophe, c’est pas le bonhomme qui ira à Paris. Moi j’ai connu ça, à l’INSEP, et c’est dur".
C’est lui qui, en premier, a vu mes qualités, mes défauts et m’a fait travailler
Christophe Lemaitre, athlète
Malgré les coups durs, le couple Carraz/Lemaitre tient bon, jusqu’au retour en grâce : le bronze olympique du 200 mètres aux Jeux de Rio en 2016. "C’est lui qui, en premier, a vu mes qualités, mes défauts et m’a fait travailler, a réagi Christophe Lemaitre, interviewé par nos confrères du Progrès. C’est grâce à lui si j’ai ce palmarès. Un jour, il avait déclaré qu’avec le talent que j’avais, n’importe quel coach aurait pu faire l’affaire. Moi, je ne pense pas. Il était passionné, il avait l’œil et l’expérience pour faire progresser. C’est certain, je n’aurais pas eu cette carrière si j’avais commencé entre les mains de quelqu’un d’autre."
Sur les réseaux sociaux, l’athlète a rendu un hommage sobre à son entraîneur, en partageant une photo agrémentée d’une colombe.
Après avoir entraîné le champion olympique, Pierre Carraz était retourné auprès des jeunes du club d’Aix-les-Bains. Il avait aussi coaché de nombreux autres athlètes internationaux comme le sauteur en hauteur Grégory Gabella, le sprinteur Manuel Reynaert et le relayeur international Pierre-Alexis Pessonneaux.