Blessé au péroné lors du slalom de Zagreb, maintenu dans des conditions discutables, Victor Muffat-Jeandet a dû faire une croix sur la fin de sa saison et sur les JO de Pékin. Dans un long message posté ce vendredi 7 janvier, il fait part de son incompréhension face aux choix de la FIS.
Une blessure, de la déception et de la colère. Le skieur Victor Muffat-Jeandet, opéré la semaine prochaine après s'être fracturé le péroné jeudi 6 janvier lors du slalom de Coupe du monde de Zagreb, a réagi sur les réseaux sociaux suite à sa blessure.
Le médaillé de bronze du combiné à Pyeongchang a dû faire une croix sur la fin de sa saison, et donc sur les Jeux olympiques de Pékin (4-20 février) par la même occasion.
"Tout ça pour ça... tout le travail depuis des mois et des mois, les heures sur les skis, à la muscu, à transpirer, à souffrir qui s'évaporent d'un coup... quel gâchis !", écrit le skieur de 32 ans dans un long message posté sur Facebook.
Il regrette de ne pas avoir "la chance de revivre (son) rêve olympique, pour cette fois-ci du moins".
Des conditions extrêmes à l'origine de la blessure
Dans un long message, il a expliqué n'avoir "pas enfourché" lors du slalom de Zagreb, finalement arrêté après le passage de 19 skieurs. En cause : le très mauvais état de la piste. Ce slalom, annulé puis finalement reprogrammé au jeudi 6 janvier, a viré au fiasco.
Des feuilles mortes, de l'herbe, de la pluie, des températures printanières, du vent... Les conditions ont été lamentables, cette semaine, du côté de la capitale croate.
Le Français explique avoir été victime de ces éléments : "Ca a cédé sous mes appuis, j'ai été déséquilibré et l'ensemble de mon ski droit s'est complètement immobilisé d'un coup dans une neige bizarre et pas uniforme. J'ai tout de suite senti un gros bras de levier, une sensation dans ma chaussure et ça m'a cassé le péroné."
Le business et "la chair à canon"
Le Savoyard a fait part de sa colère et de son incompréhension envers l'organisation : "C'est sûr que se blesser sérieusement en slalom pour la première fois de sa vie en 20 ans sur une piste où le dossard 19 finit sur l'herbe, ça fait forcément un peu réfléchir."
Je ne cherche plus à faire bouger le système, il ne changera jamais !
Victor Muffat-Jeandet.
"Très peu de gens savent et se rendent compte de tous les efforts, les investissements et la rigueur qu’il faut avoir au quotidien depuis de longues années pour s’aligner au départ. Même la FIS (Fédération internationale de ski, ndlr) ne le sait pas ! Ca fait déjà quelque temps qu’elle ne se soucie et ne respecte plus vraiment les athlètes, et tous les gens qui gravitent autour", poursuit-il.
Il rend également compte d'une pression de plus en plus importante sur le circuit, entre les obligations sportives, médiatiques, logistiques et désormais sanitaires : "Je fais juste un constat de ce que l’on vit et ce à quoi on est malheureusement confronté de plus en plus. Je ne cherche plus à faire bouger le système, il ne changera jamais !"
"Le 'business' continuera à tourner avec d’autres pions, il y aura d’autres 'chairs à canon' pour servir les multiples intérêts au-dessus du sportif et il faut l’accepter si tu veux faire partie du jeu."
Un "soulagement" ?
Victor Muffat-Jeandet sera opéré la semaine prochaine par le Dr Bertrand Sonnery-Cottet, pour "mettre des vis pour consolider la fracture", et ne sera donc "pas sur les skis avant plusieurs mois".
Il manquera donc bien les JO, mais "au vu de l’évolution actuelle, ça semble quand même s’éloigner bien fortement des images et des valeurs qui m’ont fait vibrer depuis tout petit. La liste des contraintes ne faisant que s’allonger de jour en jour, ça peut paraître fou mais c’en est presque à se demander si ce n’est pas un soulagement", conclut le savoyard.