Dans les rues d'Albertville, un artiste a trouvé ses nouvelles toiles. Le Savoyard Mister J exprime son art sur les plaques d'égout. Une chasse au trésor qui séduit les touristes et les habitants.
Pour les apercevoir, il faut baisser le regard. Et il est très rare qu'elles attirent notre attention. Pourtant, nous les croisons presque quotidiennement. Les plaques d'égout, aussi connues sous le nom de regards de chaussée, couvrent les bouches d'égout et nous séparent d'un monde souterrain.
Souvent, ces plaques, rondes et en fonte, présentent une couleur noire terne. Mais dans les rues d'Albertville, ces couvercles interpellent les passants. Il ne s'agit plus de simples plaques d'égout mais d'authentiques œuvres d'art.
Une chaussée qui fait l'unanimité
Il suffit de se balader quelques minutes dans l'ancienne cité olympique pour tomber nez à nez avec une de ces œuvres d'art. "On adore, on n'avait jamais vu cela. On aime vraiment cette peinture. Mais on ne sait pas vraiment de quoi il s'agit donc nous allons continuer notre visite pour découvrir les autres", s'enthousiasme une touriste néerlandaise.
Devant elle, une plaque d'égout dévoile les traits d'un renard. Dans sa fourrure rousse, le canidé glapit et attire le regard des visiteurs d'un jour comme celui des locaux. "C'est très beau et cela permet quand même de décorer quelque chose qui n'est pas très joli à la base, donc c'est toujours bon à prendre", se réjouit une habitante.
Quelques mètres plus loin, c'est une marguerite qui s'invite sur la plaque en fonte. Dans ses couleurs éclatantes et sur un fond multicolore, la fleur pousse sur la chaussée et végétalise à sa façon le centre-ville d'Albertville.
Une peinture antirouille
Derrière ces œuvres d'art, se cache le Savoyard Mister J. L'artiste passionné par l'univers jazz, du hip-hop mais surtout du street-art, s'est lancé un nouveau challenge. Habitué à travailler sur des matériaux recyclables comme le carton, le bois, la tôle ou encore le papier, le peintre a cette fois-ci choisi d'exprimer son art sur des plaques d'égout.
"Je travaille avec beaucoup de matières différentes qui appartiennent à notre quotidien. Et le fait que l'on passe dessus et que cela soit du quotidien, c'est une façon de redonner de la valeur, de la couleur, de la vie et une histoire à raconter en plus", confie Mister J.
Désireux d'égayer la grisaille du macadam, l'artiste savoyard métamorphose depuis toujours des matériaux insolites. Mais dans ce nouveau défi, il a dû adapter sa peinture en raison du lieu d'exposition de ses œuvres. Pour résister à l'épreuve du temps Mister J a mis au point un mélange d'acrylique et d'antirouille.
"Au début, c'était des peintures où je n'avais pas forcément le droit à l'erreur. Maintenant, je travaille davantage sur des peintures acryliques et surtout sur un vernis qui va tenir, protéger et qui vitrifie. Cela va justement vitrifier et permettre que cela soit aussi solide et dur que la pierre", explique l'artiste savoyard.
Si la peinture sur plaque d'égout reste très rare en France, c'est un concept très en vogue au Japon. Inspiré par cette tradition artistique, le Savoyard Mister J devrait poursuivre sa collection de plaques d'égouts avec une trentaine d'œuvres dans les rues d'Albertville.