Ils aimeraient emmener des clients sur des voies au-dessus de 1 500 mètres d'altitude, mais la loi leur interdit. Dans les Alpes, des moniteurs d'escalade veulent en finir avec cette limite d'altitude qu'ils jugent pénalisante.
Les moniteurs d'escalade expriment leur ras-le-bol. Dans les Alpes, ils sont nombreux à se sentir pénalisés par un texte de loi leur interdisant d'emmener des clients au-delà de 1 500 mètres d'altitude. Ils réclament la fin de cette limite qui est, selon eux, totalement incohérente. En plein entraînement au-dessus du lac du Bourget, en Savoie, Pierre et Jérôme, se questionnent.
"J'ai vraiment du mal à comprendre cette limite d'altitude qui est pénalisante, surtout dans un département comme la Haute-Savoie avec le beau massif des Aravis où il y a des grandes voies à faire au-delà de 1 500 mètres. Et du coup, je perds pas mal de clients", estime Jérôme Chambard, moniteur. En Haute-Savoie, l'altitude moyenne est de 1 160 mètres. Par conséquent, beaucoup de falaises sont inaccessibles aux moniteurs. Les clients font donc appel à des guides de montagne.
De la place pour tout le monde
"Ce qu'on souhaite, c'est que cette limite d'altitude disparaisse pour qu'on puisse emmener les clients qui le souhaitent faire des sommets qui soient accessibles en fonction de leur niveau, pouvoir se régaler avec eux et les emmener rêver là-haut", résume Pierre Jacquemoud, également moniteur d'escalade.
Le syndicat historique des moniteurs a porté l'affaire devant le Conseil d'Etat. Pour eux, pas question de marcher sur les plate-bandes des guides : les moniteurs ne souhaitent pas s'aventurer en zone glaciaire ou employer des techniques d'alpinisme, simplement élargir le champ de leur activité. Selon eux, il y a de la place pour tout le monde.
"(Il est normal) qu'on ne puisse pas aller sur la neige ou la glace parce qu'on n'a pas été formés pour, parce que ça nécessite un équipement qui est différent, juge Julien Chaussidon, président du Syndicat national des professionnels de l'escalade et du canyon. Par contre, dans un massif préalpin, on a des sommets ou des falaises au-dessus de 1 500 mètres, il n'y a pas de neige, donc on considère qu'il n'y a pas de rupture de milieu et qu'on peut aller sur ce terrain." Malgré nos sollicitations, le syndicat national des guides de montagne n'a trouvé personne pour nous répondre.