"D'une froideur extraordinaire", "extrêmement dangereux" mais affichant "une apparence ordinaire": les superlatifs des experts ont côtoyé le banal lors de l'examen de personnalité d'Adrien Bottollier, 24 ans, à l'ouverture de son procès lundi à Chambéry pour assassinat et tentative d'assassinat.
Cheveux courts, lunettes carrées sur le nez et vêtu d'un pull gris sur une chemise, le jeune homme à l'allure de premier de la classe a calmement décliné son identité et entendu le rappel des faits reprochés.
Interrogé par le président Yves Le Bideau, l'ancien étudiant en psychologie a reconnu l'assassinat d'un sans domicile fixe de 51 ans, le 21 mai 2015 à Chambéry, mais contesté la qualification de tentative d'assassinat, plusieurs mois plus tard à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) sur un jeune homme.
Ce dernier, invité au domicile de la mère de l'accusé alors qu'elle était absente, a reçu deux coups de couteau mais a réussi à s'enfuir et donner l'alerte.
Il a permis de mettre en cause dans les faits de Chambéry Adrien Bottollier, celui-ci s'étant vanté auprès de lui d'en être le responsable.
La Cour s'est penchée sur les jeunes années d'Adrien Bottollier et sur une personnalité que les experts ont unanimement décrite comme "extrêmement inquiétante et pathologique".
L'accusé a eu pourtant une enfance "heureuse" avec une mère employée dans le commerce "affectueuse et bienveillante" et un père ouvrier avec qui il aura une relation "un peu conflictuelle".
Amateur des romans policier de Maxime Chattam, le jeune homme se prend d'admiration pour les personnages du tueur en série Hannibal Lecter et surtout du Joker, l'adversaire fou à lier de Batman.
De cet antihéros, il aimait se dessiner le sourire de clown avec le rouge à lèvres de sa mère.
Pour une experte psychologue, le jeune homme cultive "un certain mystère autour de sa personnalité". Pour un expert-psychiatre, "la fiction et le réel sont mélangés".
Bon élève, fils prévenant, pompier-volontaire, il obtiendra son baccalauréat scientifique malgré une hospitalisation pour polyarthrite. A la suite d'une année ratée à Lyon en médecine, il décrochera de ses études après avoir validé en 2015 une première année en faculté de psychologie à Chambéry.
Le jeune homme se renferme alors, se scarifie pour canaliser ses pulsions. "Vous dites que c'est le seul contrôle que vous aviez sur votre corps", rapporte le président de la cour, alors que sa polyarthrite le faisait souffrir. Chez ses parents, il casse même un mur dans le hall d'entrée avec son seul poing.
En 2013, il en vient aux mains contre sa petite amie de l'époque, avec qui il entretient une longue relation tumultueuse, envahie par la jalousie, et alors qu'elle veut le quitter.
"Il m'a dit que je ne le quitterai pas, que je ne partirai pas vivante de notre lieu de rendez-vous", cite la procureure générale Thérèse Brunisso en lisant un passage de l'audition de la jeune fille. Cette dernière, présente lundi à l'audience, confirmera les propos à la barre, suscitant visiblement le trouble chez l'accusé.
Adrien Bottollier encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.