Réforme des retraites. Pénibilité, précarité : en montagne, les saisonniers se demandent "comment tenir" jusqu’à 64 ans

Ce sera 64 ans à l'horizon 2030 : Élisabeth Borne a présenté ce mardi la réforme des retraites, engagement phare du président Emmanuel Macron, confirmant un report de l'âge légal de départ. En montagne, les saisonniers s’interrogent sur leurs capacités à travailler plus longtemps dans des conditions déjà difficiles.

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À La Plagne, c’est la pleine saison pour les saisonniers. Qu'ils gèrent l'entretien du domaine, la gestion des remontées mécaniques, les cours de ski, ou les secours à personne, les salariés se démènent pour assurer la sécurité et le confort des skieurs.

Un travail physique, que certains ne trouvent pas compatibles avec le recul de l’âge légal à la retraite. "64 ans, c’est loin… Est-ce que les conditions physiques permettront de travailler correctement et en sécurité ?" s’interroge Nadège Desayet, coordinatrice de contrôle des remontées mécaniques.

Départ à 64 ans

Ce mardi 10 janvier, la Première ministre Elizabeth Borne a confirmé lors d'une conférence de presse l'arbitrage qui avait largement fuité depuis plusieurs jours. "J'ai bien conscience que faire évoluer notre système de retraite suscite des interrogations et des craintes chez les Français. Nous voulons y répondre, et convaincre" et surtout "garantir l'équilibre du système en 2030", a déclaré la cheffe du gouvernement.

Des interrogations et des craintes, les saisonniers en ont plein. Ils sont nombreux à se demander si la pénibilité du travail sera suffisamment prise en compte. 

"J’ai pas mal de collègues qui ont des problèmes de genoux. Prolonger l’âge du travail de 3, 4 voire cinq ans, on se demande comment on va pouvoir tenir jusqu’à 64 ans", s’inquiète Franck Pelloux, pisteur secouriste.

"Nous, on a de la pénibilité, ne serait-ce que par l’altitude, ajoute Nadège Desayet. Après, il y a aussi les conditions météo, le froid, la neige, le vent. Le corps est sollicité."

Autre préoccupation de ces travailleurs de l’hiver : la précarité des saisonniers, qui rend plus difficile la validation des trimestres travaillés. A ce jour, un saisonnier doit travailler 200 heures par trimestre pour valider ses droits à la retraite.

"On a toujours notre saison d’hiver avec reconduction, donc on est sûr de la saison d’hiver, mais pour la saison d’été, c’est plus compliqué. On est tout le temps à la recherche de travail" raconte Murielle Ruffier des Aimes, agent d'embarquement sur le télésiège.

"On a déjà des collègues qui sont à 61 ou 62 ans, car ils n’ont pas réussi à avoir leurs trimestres, poursuit Franck Pelloux. Donc si on prolonge l’âge, on va avoir des gens qui vont aller jusqu’à 66 – 67 ans peut-être".

Une réforme jugée "injuste"

De leurs côtés, les syndicats ont dénoncé une réforme "injuste" pour "les salariés de la deuxième ligne et les plus précaires". "Cette réforme va frapper de plein fouet l'ensemble des travailleurs et travailleuses et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires dont l'espérance de vie est inférieure au reste de la population", a déclaré, au nom de l'intersyndicale, le patron de la CFDT Laurent Berger.

Les dirigeants des huit grands syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) ont appelé à une première journée de manifestations et de grèves le 19 janvier.

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