Au terme du premier tour des élections législatives, ce dimanche 30 juin, des candidats du Rassemblement national se sont qualifiés pour le second tour dans toutes les circonscriptions de la Savoie. Mais cette percée de l'extrême droite est-elle suffisante pour déstabiliser des députés sortants bien établis ? Le décryptage d'un politologue.
La poussée du Rassemblement national au niveau national a permis aux candidats d'extrême droite de se qualifier, ce dimanche 30 juin, pour le second tour des élections législatives dans les quatre circonscriptions de la Savoie.
"Mais dans un territoire ancré à droite, cette poussée du RN n'est peut-être pas suffisante pour déloger les députés sortants, qui pourraient tous s'imposer lors du deuxième tour", nuance Florant Gougou, politologue et enseignant-chercheur à Sciences Po Grenoble.
Alors quels sont les enjeux de ce second tour dans le département de la Savoie ? Décryptage circonscription par circonscription.
1ère circonscription : une secrétaire d'Etat devancée par le RN
La secrétaire d'Etat en charge du Numérique Marina Ferrari (MoDem) est arrivée dimanche juste derrière une ancienne députée Renaissance, Typhanie Degois, désormais représentante de l'alliance LR-RN dans la première circonscription de la Savoie.
Marina Ferrari a recueilli 35,24 % des suffrages, derrière la transfuge macroniste Typhanie Degois, devenue porte-parole de l'Union des droites (36,16 %, soit 611 voix de plus). La candidate du Nouveau Front populaire, la communiste Christel Granata s'est qualifiée pour le second tour (22,93 %). Mais, dans la soirée, elle a officialisé son désistement pour "faire barrage à l'extrême droite".
La triangulaire initialement prévue devient donc un duel entre la secrétaire d'Etat et la représentante de l'union de l'extrême droite. "Le report des voix devrait jouer en faveur de Marina Ferrari, députée sortante. La candidate de l'extrême droite, elle, n'a pas beaucoup de marge de manœuvre pour aller chercher davantage de voix", indique Florent Gougou.
2e circonscription : Vincent Rolland bien placé
Dans la deuxième circonscription de la Savoie, celle du Beaufortain et de la vallée de la Tarentaise, le député sortant, Vincent Rolland (LR) est, lui aussi, en bonne position pour l'emporter au second tour.
Arrivé premier avec 36,8 % des voix, le député républicain a devancé d'une courte marge la candidate du RN, Pauline Ract-Brancaz (35,2 %), et la socialiste Pascale Martinot. Après le désistement de cette dernière, un boulevard se présente pour le député sortant.
"Dans cette circonscription, comme dans d'autres de la Savoie, la majorité présidentielle n'a pas présenté de candidats, ce qui a fortement profité aux députés sortants, bien ancrés dans le territoire depuis des années", ajoute Florent Gougou.
3e circonscription : Emilie Bonnivard largement en tête
Quelques heures après l'annonce des résultats du premier tour, ce dimanche 30 juin, la députée LR sortante Emilie Bonnivard se réjouissait de son bon score (40,86 %). Un résultat qu'elle a expliqué par "son ancrage territorial".
Pour Florent Gougou, la députée de la circonscription de la Maurienne et de la combe de Savoie fait partie de ces personnalités politiques qui ont résisté aux candidatures macronistes lors des dernières législatures pour s'implanter dans leur territoire.
Au second tour, la candidate LR fera face à l'eurodéputée RN Marie Dauchy, qui a recueilli 36 % des voix. Le candidat de l'union de la gauche, Daniel Ibanez, est également qualifié pour le deuxième tour et n'a, pour le moment, pas indiqué qu'il se désistait.
4e circonscription : l'union de la gauche favorite
Comme dans les autres circonscriptions savoyardes, le second tour des élections législatives se présente bien pour le député sortant, Jean-François Coulomme, représentant de l'union de la gauche.
Le député LFI sortant a profité d'un électorat citadin, celui de Chambéry, pour améliorer son score de 2022. Ce dimanche, il est arrivé en tête du premier tour avec 36,87 % devant Brice Bernard (RN), avec 30,23 %, et Anaïs Gomero (Ensemble), qui compte 27,72 %.
Là aussi, la marge de manœuvre est mince pour le RN s'il veut s'imposer. "Le paysage politique de la Savoie, avec une circonscription à gauche et trois à droite, est trop solide pour que la percée du Rassemblement national ne vienne déranger l'ordre établi", conclut Florent Gougou.