Le personnel médico-social d'une maison d'aide spécialisée se mobilise depuis une semaine à Chambéry. Les soignants ne comprennent pas pourquoi ils n'ont pas eu droit à la revalorisation salariale prévue par les accords du Ségur de la santé.
Depuis 15 ans, Karine Bruno est monitrice éducatrice auprès de personnes polyhandicapées. Tout comme ses confrères en milieu hospitalier, elle fait partie de la fonction publique. Mais elle n'a pas touché la revalorisation de salaire de 183 euros net par mois, prévue par le Ségur de la santé pour le personnel médical et médico-social. Ces accords, signés en pleine crise du Covid-19, consacrent 8,2 milliards d'euros à la revalorisation des métiers du soin. Sauf que tous les soignants n'ont pas vu la couleur de cet argent, à l'image de Karine qui travaille dans une maison d'aide spécialisée (MAS) de Chambéry.
"On a le même diplôme, on a les mêmes fonctions, on travaille auprès de ces personnes-là [les personnes handicapées, NDLR], c'est pas des personnes lambdas comme un patient à l'hôpital. Donc oui, on se sent moins reconnu. De toute façon, on n'est pas connu. Les MAS ne sont pas connues, c'est sûr", dénonce la monitrice éducatrice. Pour Karine, pas question d'abandonner sa vocation. "Ces résidents, ils sont attachés à nous et on est attaché à eux."
"A quelle sauce va être mangé le handicap ?"
Dans cette MAS de Chambéry, le personnel médico-social se mobilise depuis une semaine. Manifestations, banderoles, chansons... Ils veulent attirer l'attention des pouvoirs publics et obtenir des réponses. "On se sent humilié, on se sent dévalorisé. On a trouvé tout à fait scandaleux qu'on nous ait laissé espérer une revalorisation de salaire suite au Covid et que, au mois de septembre, d'un revers de manche, nous soyons carrément exclus du dispositif de cette revalorisation salariale", raconte Bertrand Weill, kinésithérapeute.
Aujourd'hui, ils ne comprennent pas pourquoi leurs confrères y ont droit et pas eux. Tous s'inquiètent pour leur avenir et celui de leur profession. "J'adore mon travail, ça fait 26 ans que je l'exerce et il est certain qu'aujourd'hui, je me pose la question à savoir si je vais rester ou pas, selon les mesures qui seront prises", s'inquiète Nathalie Brun, aide soignante.
"A partir du moment où on ne sera plus attractifs, notamment par le salaire, ça sera extrêmement compliqué pour nous que de pouvoir garder nos agents (...) et de pouvoir embaucher derrière. Ca va être quasiment impossible. A quelle sauce va être mangé le handicap ?", se demande Juliette Bernard, cadre de service. Une nouvelle manifestation devrait rassembler l'ensemble du personnel médical jeudi 5 novembre.