"Peut-être qu'on se lâche un peu trop" : un expert de la télé poursuivi en diffamation à l'encontre de Nordahl Lelandais

Un "expert", apparaissant dans une émission de la chaîne NRJ12, comparaissait devant le tribunal judiciaire de Lyon mardi pour des faits de diffamation à l'encontre de Nordahl Lelandais.

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C'est une affaire dans l'affaire Lelandais. Pascal Neveu, intervenant régulier sur la chaîne NRJ12, a dû répondre de faits de diffamation à l'encontre du principal suspect dans l'affaire Maëlys. Le prévenu de 46 ans, se présentant comme psychanalyste, comparaissait mardi 15 septembre à la barre de la sixième chambre de la presse du tribunal judiciaire de Lyon.

"Peut-être qu'on se lâche un peu trop. On parle, on parle, peut-être trop", a reconnu le quadragénaire qui apparaît depuis trois ans dans l'émission "Crimes et faits divers, la quotidienne" de Jean-Marc Morandini. "On reçoit une accumulation de pages sur l'affaire en question que l'on va lire à toute vitesse et commenter ensuite. Je n'atteste rien sur ces émissions. On est là pour commenter".

"A chaque fois, il est précisé que les mis en cause sont présumés innocents, mais on ne va pas le répéter toutes les cinq minutes", a-t-il relevé. "Dans les questions posées lors de ces émissions, il y a une recherche de sensationnel, quelque chose qui se veut excessif, vous êtes d'accord ?", lui demande la présidente Brigitte Vernay. "Oui, la recherche du sensationnel est légion", admet le prévenu.

"Lorsqu'on est en direct, il y a cet emballement, cette dynamique. Mais on ne va pas dire au journaliste 'stop, je ne réponds pas à vos questions'", complète-t-il. "Peut-être qu'il peut y avoir quelque chose de plus prudent dans les réponses", ajoute la magistrate. "Sans doute, Madame la présidente", s'incline Pascal Neveu.
 


 

"On n'aurait peut-être pas dû aller jusque-là"


L'homme dit être payé 150 euros brut par émission, à raison d'une fois par semaine. "Vous avez rencontré Nordahl Lelandais ?", l'interpelle Me Alain Jakubowicz, qui défend le principal suspect du meurtre de la petite Maelys De Araujo et du caporal Arthur Noyer. Pascal Neveu répond par la négative.

Dans l'émission du 19 février 2019 qui lui vaut ces poursuites, il avait évoqué le contenu de l'hebdomadaire L'Express qui publiait des extraits d'expertises. "On n'aurait peut-être pas dû aller jusque-là cette fois-là", reconnaît le prévenu. "Il y a peut-être eu un effet de compétition entre intervenants".

"Vous mesurez les conséquences de ces écarts ?", l'interroge Me Jakubowicz. "Pour les personnes dont vous parlez, mais également pour l'institution judiciaire, et notamment les jurés des prochains procès d'assises ?". Le prévenu, a tonné l'avocat, "se répand à longueur d'années sur un terrain qu'il ne connaît pas. Il n'a aucun diplôme l'autorisant à exercer la profession réglementée de psychothérapeute", affirme-t-il, en le qualifiant de "mystificateur".

 

Des circonstances "indécentes"


Pour le représentant du ministère public Bernard Reynaud, qui s'est placé sur le terrain de la morale et non sur celui du droit, cette procédure n'avait pas lieu d'être de la part de Nordahl Lelandais. "Toutes mes pensées vont aux familles des victimes, cette petite fille et ce caporal. Il y a des droits que l'on peut exercer mais il y a des circonstances qui sont indécentes".
 
Pour Pascal Neveu, Me Frédéric Doyez admet : "il ne faut pas se prêter à ces choses-là quand on est un professionnel. Son tort est d'avoir cédé à l'esprit d'une époque, en jouant une sorte d'ersatz de l'expert". Mais la faute n'est pas exclusivement celle de son client, tout le monde ayant, selon lui, participé au "fuitage" dans ce dossier "compliqué".

Ancien militaire de 37 ans, Nordahl Lelandais est accusé du meurtre d'Arthur Noyer et mis en examen pour celui de Maëlys De Araujo et pour agression sexuelle sur trois petites cousines. Il n'était pas présent physiquement à l'audience mais est apparu quelques minutes par visioconférence depuis son centre de détention, barbe poivre et sel, polo blanc, stylo en main et dossier face à lui. Il n'a rien dit sur l'affaire, le "débat technique" de la diffamation ne nécessitant pas qu'on l'entende, a estimé son conseil. La décision sera rendue le 20 octobre.

 
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