En marge de la manifestation en soutien au peuple ukrainien à Chambéry, nous avons rencontré un couple franco-ukrainien, très affecté par la situation. Ils nous racontent leur sentiment d'impuissance, et leur inquiétude quant à l'avenir de leurs proches et celui de l'Ukraine.
Elle s'accroche à une pancarte, jaune et bleue, où l'on peut lire : "Sauvez nos familles". Sur celle de son mari, à ses côtés : "Arrêtez la guerre". Halyna est ukrainienne, Sébastien, français. Le couple se fond parmi les 200 manifestants venus afficher leur soutien au peuple ukrainien, ce samedi 26 février à Chambéry.
Parmi tant d'autres, ils racontent leur histoire. Pourquoi l'invasion de l'Ukraine par la Russie les affecte au-delà des mots. Comment, depuis la Savoie, ils se sentent terriblement impuissants.
La stupeur et l'impuissance
Sébastien, 47 ans, se dit choqué par les évènements. "Personne n'aurait pu croire que les Russes allaient oser envahir l'Ukraine et déclarer la guerre à un peuple pacifique qui n'a fait que se battre pour préserver ses frontières dans le Dombass", lâche-t-il.
Son épouse, qui vit en France depuis 6 ans, n'y croyait pas non plus. Jusqu'à la dernière minute, Halyna avait foi en la paix. Depuis deux jours, elle est en permanence au téléphone avec sa famille, qui vit à Lviv, à l'Ouest de l'Ukraine. "Je ne souhaite à personne de se faire réveiller par sa mère, en pleurs au téléphone, qui crie que la guerre a commencé", souffle l'Ukrainienne de 45 ans.
Le pire pour elle, c'est peut-être son impuissance. "Ici, je ne peux rien faire. Mais les Ukrainiens non plus. La seule chose à faire pour eux, c'est courir, éviter les balles, et ne pas mourir."
"J'espère que l'Europe sera plus courageuse qu'elle ne l'est aujourd'hui"
Pour Sébastien, la situation est différente, mais tout aussi compliquée. Il a vécu de nombreuses années à Krasnodar, dans l'Ouest de la Russie. Là-bas, il a rencontré son ex-femme, avec qui il a eu deux enfants. Tous trois y vivent encore.
On est là pour dire à Poutine d'arrêter cette connerie de guerre et d'arrêter de tuer des gens"
Sébastien Olivin
"Hier soir, j'ai eu mon fils de 15 ans au téléphone. Il m'a dit que Poutine faisait bien d'envahir l'Ukraine", déclare-t-il. La faute à la propagande de l'état russe, selon lui. "Le service militaire est obligatoire en Russie. Donc à 18 ans, mon fils sera enrôlé dans l'armée de Poutine, pour aller combattre je ne sais où ? Je suis très inquiet pour l'avenir de mes enfants..."
Halyna, elle, l'est aussi pour l'avenir de son pays : "Les Ukrainiens ne sont pas un peuple belliqueux. Nous voulons simplement éduquer nos enfants et les élever dans la paix". "C'est un pays qui ne souhaite qu'une chose : développer sa liberté. Il est dans un processus démocratique depuis la révolution de 2014", complète son mari.
Selon la Franco-Ukrainienne, la solution résiderait dans l'union. "L'Ukraine a besoin de l'aide de tout le monde. Et j'espère que l'Europe sera plus courageuse qu'elle ne l'est aujourd'hui".