Une avenue Robert Badinter inaugurée dans une petite ville de Savoie : "Sa reconnaissance pour Cognin sera éternelle"

La ville de Cognin, en Savoie, vient de renommer une rue en hommage à Robert Badinter, ancien ministre de la Justice décédé en février dernier. Lui, son frère et sa mère y ont été hébergés sous une fausse identité pendant l’Occupation. Sa veuve Elizabeth Badinter, très émue, était présente lors de cet hommage.

Il aurait dû être là, mais les circonstances en ont voulu autrement. Ce mercredi 10 avril à 14h30, Cognin a, une nouvelle fois, rendu hommage à Robert Badinter, décédé le 9 février dernier. La petite ville de Savoie a inauguré une avenue à son nom, en présence d’Elisabeth Badinter, sa femme et de nombreux habitants de la ville.

La route de Lyon, l’artère principale de la commune s’appelle désormais l’avenue Robert Badinter, témoignage d’un lien fort entre la famille Badinter et la ville de Cognin.  

"J’ai entendu parler de Cognin énormément, en plus de 50 ans de vie commune, Cognin était devenu familier bien que je n’y sois jamais allée avant aujourd’hui et je crois que vos ancêtres, parents, grands-parents ont fait un petit miracle pour lui, témoigne sa veuve, Elisabeth Badinter. Ce petit miracle, c’est que vous l’avez protégé lui et sa famille et que ça lui a redonné confiance dans la France et les Français, ça a été un moment très positif de sa vie. Et je peux vous dire que sa reconnaissance sera éternelle, même au paradis."

Un Cogneraud d’adoption 

Car bien avant d'être à l'origine de l'abolition de la peine de mort, l'ancien ministre de la Justice a passé une partie de sa vie en Savoie. En 1943, alors qu'il n'a pas encore quinze ans, son père, Simon, est déporté lors de la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, le 9 février. Il ne le reverra jamais. Quelques semaines plus tard, Robert Badinter quitte la capitale des Gaules pour les Alpes, avec sa mère et son frère Claude.

C’est à Cognin que la famille Badinter trouve refuge, hébergée dans une maison de l’avenue principale, par une famille de commerçants chambériens, les Charret. Ils y vivront pendant un an sous une fausse identité.

"Il y a eu pendant très longtemps le silence autour de cet accueil, car il ne fallait pas que ça se sache et puis c’était discret comme aide, et donc nos parents ne disaient pas grand-chose de tout ça, jusqu’au jour où on les a interrogés, jusqu’au jour où ils ont eu besoin de reconnaissance", confie Jean-Paul Desfourniaux, un des petits enfants de la famille Charret, présent à l’hommage. 

Je dois ma vie aux Cognerauds auxquels je porte une reconnaissance particulière.

Robert Badinter

Car à quatre kilomètres de Cognin, à Chambéry, Paul Touvier traquait les Juifs et les résistants : "Si nous avons survécu, c’est bien grâce au silence affectueux, complice et protecteur de ces Savoyards", avait confié Robert Badinter interviewé par Serge Klarsfeld.

"Je dois ma vie aux Cognerauds auxquels je porte une reconnaissance particulière, et une fierté de voir une de ses rues porter mon nom. Je suis Cogneraud, et Cogneraud je le resterai," a t-il ajouté lors d'un récent entretien accordé au maire de Cognin.

À la Libération, Robert Badinter et sa famille retournent à Paris. Mais l’homme n’aura de cesse de revenir dans ce petit village de Savoie. En 1996, mais aussi en 2005, lors de l'installation d'une plaque commémorative sur la façade de la maison jaune où il a vécu pendant près d’un an.

Aujourd'hui, 20 ans plus tard, c'est sa veuve, Elisabeth Badinter, qui inaugure devant cette maison la nouvelle plaque de rue, comme un devoir de mémoire pour tous ceux, illustres et anonymes qui ont oeuvré pour la paix. 

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