Le centre de simulation santé Hopsim forme des infirmiers à la réanimation toute cette semaine à Chambéry. La crise du Covid-19 a accru les besoins dans ces unités, souvent débordées.
Vanessa, Cécile et Jenna s'activent au chevet d'un patient en détresse respiratoire modérée. Les trois infirmières en formation à la réanimation ont pour mission de bien prendre en charge le malade, bien qu'il ne soit pas fait de chair et d'os. En face d'elles, un mannequin en plastique, mais l'apprentissage n'en est pas moins immersif.
"On découvre vraiment les choses, on a l'impression d'être avec un patient qui nous parle. On le vit comme si c'était la réalité", témoigne Vanessa Pic, l'une des infirmières en formation. Derrière une vitre sans teint, Romain Chauffard, infirmier formateur, joue le patient en prêtant sa voix au mannequin. Il observe chaque geste avec Julien, le médecin réanimateur qui épaule les infirmières dans cet exercice.
"L'objectif de ces simulations, c'est qu'on se rapproche le plus possible d'un environnement réaliste, en l'occurrence la réanimation. C'est aussi de tester leur schéma de pensée pour qu'ils reproduisent ce qu'ils feraient dans la réalité", explique le formateur. Mission accomplie pour les trois infirmières qui, en quelques minutes, ont assuré la stabilité du patient.
"Il faut se coordonner pour parler, communiquer entre nous et il y a la présence du médecin. Il entend les données, il nous dirige si ça va ou pas, c'est très important", juge Cécile Morançais après cet exercice. La crise sanitaire a plus que jamais accru les besoins dans les services de réanimation des hôpitaux.
Formations réorganisées
Depuis la première vague épidémique, des soignants de différentes spécialités viennent prêter main forte dans les unités dédiées à la prise en charge des patients atteints du Covid-19. A deux pas de l'hôpital de Chambéry, le centre de simulation santé Hopsim forme chaque année quelque 3 000 soignants. Et cette semaine, neuf infirmiers savoyards issus de différentes spécialités participent à cette formation accélérée en réanimation.
"Dans le cadre de la crise sanitaire, on s'est demandé comment toute la technologie de Hopsim, à la fois technique et pédagogique, pouvait être utile au personnel hospitalier dans le cadre de cette crise sanitaire, relate le docteur Thierry Sécheresse, chef du centre de formation. Donc on a réorganisé les formations pour mettre au point cette formation spécifique."
Besoins croissants
D'ici quelques jours, les soignants formés vont pouvoir intégrer le service de réanimation du Centre hospitalier métropole Savoie (CHMS). Un service qui a dû s'agrandir ces dernières semaines et embaucher une quarantaine d'infirmiers pour accompagner des malades du coronavirus en surveillance continue.
"On estime que pour l'ouverture de quelques lits, avec deux ou trois malades de plus, il faut quasiment une dizaine d'infirmiers en plus. C'est un infirmier pour deux malades jour et nuit, 7 jours sur 7", complète le Dr Matteo Miquet, médecin de réanimation et formateur.
"C'est très enrichissant pour moi aussi personnellement, ajoute l'une des infirmières en formation, Jenna Desvenain. C'est une expérience inédite et ça me permet d'apporter mon aide. C'est du plus pour tout le monde, pour moi, les patients, les équipes." Avec 207 malades Covid hospitalisés au mardi 17 novembre, dont une trentaine en réanimation, le centre hospitalier savoyard reste sous tension malgré une légère éclaircie ces derniers jours.