Elle-même victime de violences conjugales, Eva Ngall travaille depuis deux ans sur une application ayant pour objectif de protéger les femmes victimes de violences conjugales lorsqu’elles doivent échanger avec leur agresseur au sujet des enfants.
De plus en plus de femmes victimes de violences conjugales font appel aux associations pour les aider. Pour ces femmes, s’éloigner de leur agresseur est déjà un combat. Il l’est d’autant plus, lorsqu’il y a des enfants.
Eva Ngall est originaire de Chambéry. Depuis deux ans, elle travaille sur une application mobile permettant aux victimes de pouvoir échanger avec leur ex-conjoint lorsqu’ils doivent communiquer au sujet des enfants, sans avoir à subir d’agression écrites ou verbales.
"Souvent, dans ce genre de situation, on reçoit des insultes et des menaces et là, les mots violents seront masqués et on pourra choisir le moment où on reçoit des notifications", explique Eva Ngall. "Pour éviter le harcèlement, on peut choisir de recevoir les messages seulement le dimanche, au moment où on doit passer d’une maison à une autre."
Prouver des violences invisibles
Pour développer cette application, la jeune femme s’est entourée de juristes, de psychologues et d’associations comme SaVoie de femme qui accompagne des victimes de violences conjugales. "Ici, on accueille les femmes victimes et cette question du lien avec l’auteur quand il y a des enfants et qu’il faut se rencontrer souvent est présente, mais il n’y a pas beaucoup de réponses juridiques à ça", explique Nathalie Garrera, directrice de l'association. "Il y a très souvent des échanges imposés par l’auteur qui sait comment atteindre la victime. Donc le fait de poser un filtre pour la femme, c’est vraiment important", poursuit-elle.
À terme, cette application devrait également permettre de prouver des violences invisibles. "Quand il y a des violences physiques, on voit bien qu’il y a une prise en compte par la justice, mais c’est vrai que lorsqu’il s’agit de violences morales et psychologiques, c’est plus difficile à prouver, à prendre en compte".
"Il m'appelait tout le temps"
Eva Ngall a été victime de violences conjugales. En quittant son ex-conjoint, elle pensait que la situation s’apaiserait. Finalement, la violence s’est transformée. "Il m’appelait tout le temps, des fois 200 à 300 appels par jour. Il m’envoyait des sms hyper longs en me disant que j’étais une mauvaise maman, en me faisant culpabiliser d’être partie", raconte la jeune femme.
L’application du nom de "Ti3rs" sera disponible dès cet automne. Comme Eva Ngall, chaque année plus de 200 mille femmes sont victimes de violences conjugales en France.