Drones, retrait de forfait, patrouilleurs... Les stations de ski cherchent des solutions pour améliorer la sécurité sur les pistes

Les récents décès de skieurs après des accidents sur des domaines skiables poussent les stations à améliorer encore la sécurité sur leurs pistes.

C'est le genre de scène qui pourrait trouver sa place dans un roman de science-fiction. Sur les hauteurs de la station des Menuires dans les Trois Vallées en Savoie, des drones s'aventurent parfois autour des sommets pour diffuser des messages de prévention à des skieurs qui s'aventurent en hors-piste sur des secteurs avalancheux ou dangereux. 

"Nous avons constitué une cellule drones il y a trois ans. Les drones peuvent avoir plein d'utilités. Cela nous permet de diffuser des messages dans des lieux où les gens prennent des risques, mais aussi d'aller voir l'état du manteau neigeux pour faire des tirs de prévention. Ce sont aussi des appareils qui peuvent tourner la nuit grâce à une caméra thermique, par exemple pour détecter un skieur de randonnée qui remonte le domaine skiable", raconte Claude Jay, le maire de la commune des Belleville, qui abrite le domaine des Menuires. 

Une série noire sur les pistes

Depuis le début de l'année 2022, plusieurs accidents tragiques ont choqué le monde du ski. Le 15 janvier, une fillette de cinq ans a été mortellement percutée par un skieur sur le domaine de Flaine en Haute-Savoie. Le 19 janvier, c'est l'acteur Gaspard Ulliel qui trouvait la mort sur une piste de la station de La Rosière, à la frontière franco-italienne, à la suite d'un choc avec un autre skieur. Autre accident dramatique le 12 février à Courchevel où un adolescent de 16 ans décédait après une chute sur une piste bleue

Après cette série noire, Patrice Ribes, le patron du PGHM de Savoie, nous confiait qu'un travail de pédagogie était à faire auprès des skieurs pour changer certains comportements.  "Les domaines skiables sont très bien préparés avec des balisages pour inciter les skieurs à ralentir sur les croisements par exemple, mais il faut que les skieurs restent responsables et adaptent leur comportement"

Un discours repris par le préfet de Savoie, Pascal Bolot. Lors d'un déplacement aux Menuires le 16 février, le préfet a mis en garde contre le relâchement des comportements en cette période de vacances marquée par l’affluence importante des touristes et des vacanciers dans les stations de ski. Le 11 février, son cabinet avait déjà transmis une circulaire aux maires des communes abritant une station pour leur demander de réfléchir à des mesures pour accroître le rôle des pisteurs-secouristes dans l'information aux usagers et améliorer la gestion des flux de skieurs sur les pistes. 

"On s'appuie sur les réseaux sociaux"

Aux Menuires, la station a ainsi constitué une équipe de plusieurs patrouilleurs, dont l'unique mission est de faire la prévention sur les pistes aux endroits les plus accidentogènes. "On a un outil très performant qui nous permet de connaître très précisément l'accidentologie sur la station, avec l'identification des endroits les plus sensibles. Les patrouilleurs se rendent sur ces points pour faire de la prévention", explique Claude Jay, qui est aussi le président de la Fédération nationale de la sécurité et des secours sur les domaines skiables.  

Les récents accidents soulèvent des questions, mais il faut qu'on travaille sérieusement sans chercher à surréagir

Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France

Un espace "Ski Patrol Experience" a également été installé sur le domaine skiable de sa commune pour faire de la prévention auprès du jeune public. Un atelier sécurité y rappelle notamment les codes couleurs des pistes et les comportements de bonne conduite à adopter skis aux pieds. 

"Il faut adapter notre communication autour de la prévention. Aujourd'hui, un tiers des gens ne viennent plus en caisse pour récupérer leurs forfaits. Donc on sensibilise le public par d'autres biais. On s'appuie sur les réseaux sociaux et on forme nos animateurs à la prévention", ajoute Claude Jay. 

Réflexion autour du forfait de ski

Au-delà de la prévention, d'autres mesures plus fortes s'invitent parfois dans les débats des acteurs de la montagne comme le retrait du forfait à un skieur au comportement trop dangereux. Une sanction qui existe aux Etats-Unis, mais pas en France. "Mais qui aurait le droit de retirer un forfait et dans quel cas de figure ? Ce n'est pas légal aujourd'hui", pointe Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France. "Il faudrait statuer sur ces questions. C'est un travail de réflexion parmi d'autres que nous menons. Les récents accidents soulèvent des questions, mais il faut qu'on travaille sérieusement sans chercher à surréagir", ajoute Alexandre Maulin, qui pense d'abord aux familles des victimes des drames récents. 

Cette saison, Domaines skiables de France a impulsé dans les stations "Vas-y mollo", une grande campagne de sensibilisation invitant à la prudence les férus de glisse, impatients à l'idée de retrouver les pistes après un an de privations pour cause de Covid-19. 

Si les récents accidents ont soulevé une vive émotion dans les stations, l'accidentologie moyenne sur les pistes de ski est chaque année inférieure à dix morts pour dix millions de pratiquants. Mais, "la sécurité est toujours perfectible" rappelle Alexandre Maulin. 

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