Le modèle des Karrelis était inédit en 1973, celui d'une régie autonome. Le traité de concession pourrait être remis en cause d'ici son terme en 2019. Le concessionnaire, Renouveau, souhaiterait que les associations qui la gèrent soient plus aidées au niveau du financement et du fonctionnement.
Dans les années 70, la station des Karrelis a été créée sur un modèle économique inédit en Europe, celui d'une station entièrement associative, gérée de façon autonome à 100%. C'est la commune de Montricher-Albanne qui gère les remontées mécaniques (mais ne les finance pas). Le reste de la concession (la gestion des services publics de la station comme le déneigement, le réseau, la voirie...) est piloté par l'association Renouveau.
Plusieurs associations font partie du Conseil Supérieur de la station (le CSK). Au total, six villages de vacances, Renouveau, Odésia, Azureva, Léo-Lagrange, l'Association d'éducation populaire de Saint-Quentin, et Arc-en-Ciel.
Le concessionnaire Renouveau devrait fusionner très prochainement avec Village-Club-du-Soleil. Il y a quelques jours, l'association a évoqué la remise en cause du traité de concession (sorte de Délégation de Service Public) dont le terme est prévu au 30 novembre 2019.
En septembre déjà, le CSK avait demandé à la municipalité et à ses partenaires de réfléchir à "un nouveau mode de relation économique et juridique". Renouveau et les associations gestionnaires s'étaient également tournés vers le Conseil Général de la Savoie et le Conseil Régional Rhône-Alpes, et avaient évoqué l'aide de l'Etat. L'année 2014 se devait d'être "l'année charnière du renouvellement des infrastructures d'hébergement et des services collectifs".
"En effet", explique Michel Collado, le président de Renouveau, "les associations gestionnaires financent quasiment tout, 80% du budget d'investissement". "L'organisation collective des débuts reposait sur une grande solidarité. Aujourd'hui ce modèle a ses limites".
"Les associations ne sont plus en mesure de financer des investissements importants tant que ne sera pas reconstruite la relation juridique stabilisée avec la collectivité".
Joint au téléphone par France 3 Alpes, la maire nouvellement élue, Sophie Verneys, ne sait pas avec précision ce que souhaitent Renouveau et Village-Club-du-Soleil. Une rencontre est prévue vendredi. "La commune est prête à aider" a-t-elle réaffirmé. "Il ne faut pas oublier que les Karrelis font partie intégrante de la commune de Montricher-Albanne, ce ne sont pas des entités différentes".
La commune ne refuse pas d'aider financièrement, en revanche elle ne veut pas participer davantage au fonctionnement. "Ce n'est pas notre métier" explique Sophie Verneys.
La maire suppose que Renouveau veut développer son hôtellerie et se dégager d'une partie de ses attributions pour répondre à l'évolution de la demande. Il manquerait en effet de 500 à 800 lits dans la station pour accueillir la clientèle. "Les familles ne se contentent plus d'une petite pièce", rapporte la maire.
Ce qui est certain, c'est que le fonctionnement de la station mis en place en 1974 est très complexe. Arrivé il y a un an et demi, Jean-Sébastien Dorel, le nouveau directeur des Karrelis, a accompli un énorme travail pour "simplifier le millefeuille" explique encore Sophie Verneys.
Les Karrelis, modèle de tourisme social
A sa création dans les années 70, la station s'est positionnée comme modèle du tourisme social. Son domaine skiable et ses 28 pistes accessibles à tous les niveaux, ses forfaits à bas prix, et ses qualités (enneigement toute l'année notamment) lui ont garanti longtemps un taux de remplissage à 100%.Aujourd'hui, les prix restent attractifs : un pack dans les 400 euros environ par personne pour une semaine, pension complète et forfait mécanique compris.
Si la station a subi comme les autres, une crise économique, son taux de remplissage reste bon (70%).