L'heure est au bilan des dégâts pour certaines exploitations agricoles en Savoie après les inondations répétées de ces dernières semaines. Un groupement de maraîchers bio, installé au bord du Rhône, a lancé une cagnotte en ligne après avoir perdu une grande partie de ses cultures.
L'eau s'est enfin retirée, laissant après son passage des cultures ravagées. Le Rhône, sorti de son lit par trois fois ces deux derniers mois, a causé des dégâts sans précédent pour certaines exploitations agricoles. À Lucey, dans l'avant-pays savoyard, des maraîchers bio ont perdu près de la moitié de leurs récoltes.
"Il y avait environ 6 mètres d'eau. Je n'avais jamais vu ça", se désole Myriam Messalta, l'une des trois maraîchères du groupement agricole d'exploitation en commun (Gaec) Les P'tits Poids. Après les crues successives, les choux, carottes et épinards ont disparu ou sont invendables. Ces cultures d'hiver devaient permettre aux agriculteurs d'assurer leurs revenus pour les prochains mois.
"On n'a pas encore fait l’évaluation complète des dégâts, il y a peut-être quelques légumes à récupérer mais ils seront pleins de limon donc ça ne sera pas très vendeur. Ce ne sont pas les beaux légumes auxquels on a habitué nos clients", regrette Myriam Messalta. "Ça va nous occasionner pas mal de frais. Une partie de notre chiffre d'affaires a disparu avec la perte des récoltes."
Élan de solidarité
Des bâches de 100 mètres de long ont été ensevelies par près de 30 cm de limon. Sans compter les dégâts matériels. Si le petit tracteur de l'exploitation a été sauvé, tous les outils ont été ensablés et sont hors service.
Il y a du boulot, beaucoup d'heures de travail en plus à une période où on devait se reposer. Ça risque de rendre les choses plus compliquées.
Myriam Messalta, maraîchère
Faute d’assurance pour leurs cultures, les exploitants ont lancé une cagnotte en ligne sur la plateforme Ulule. Ils espèrent récolter 10 000 euros pour faire face aux dégâts, acheter des plants et des semences pour l'année à venir. "On a atteint 30% du montant qu'on s'était fixé et il reste deux mois, c'est très encourageant", sourit Myriam, les yeux rivés sur les messages de soutien.
"La solidarité est vraiment présente. On se sent entourés par les collègues, les amis dans le coin qui nous proposent des coups de main pour venir ranger et nettoyer. Ça donne envie de continuer", assure-t-elle.
Sur le long terme, le limon déposé par la crue du fleuve pourrait fertiliser les sols. Mais avant cela, les agriculteurs ont de nombreuses heures de travail devant eux pour nettoyer et faire repartir leurs champs avant le printemps prochain.