Témoignage. Crue en Haute-Savoie : "Je suis abattu, on perd notre revenu", la détresse d'un agriculteur après les inondations

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En Haute-Savoie, la crue de l'Arve a entraîné de grosses pertes pour les agriculteurs et les maraîchers de Reignier. Guy Ciclet, le propriétaire des terres inondées et ancien maraîcher, se souvient de la crue de 2015. ©France 3 Alpes / I. Pernet-Duparc - S. Worreth - M. Baza
Publié le Écrit par Cécile Mathy et Ingrid Pernet-Duparc

Si la crue exceptionnelle de l'Arve n'a pas fait de victimes humaines, elle entraîne des dégâts importants pour les agriculteurs riverains du cours d'eau. A Reignier-Esery, en Haute-Savoie, un maraîcher estime ses pertes à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Il n'y avait pas eu d'inondations aussi importantes dans ce secteur depuis 2015.

Des sapins de Noël les pieds dans l'eau, des plantations dont on ne voit plus que la cime et des serres submergées : à Reignier-Esery, en Haute-Savoie, la crue a fait des ravages chez les agriculteurs.

Dans les champs exploités par la famille de Nale, les pertes sont considérables. Plus de 3500 pieds de fenouil, de côtes de blettes, ou d'épinards ont été noyés. Deux cents mètres carrés de mâche ont disparu sous les eaux. Deux hectares et demi de cultures se sont transformés en étang. Les serres sont envahies par deux à trois mètres d'eau.

"On a une perte entre 10 000 et 15 000 euros rien que sur les légumes", estime Franck de Nale.

"30 000 à 50 000 euros de pertes"

Dans cette mare, flotte une chambre froide que l'agriculteur utilisait comme lieu de stockage. Son Gaec combine deux activités : le maraîchage et l'élevage de moutons. Les animaux sont au sec, l'Arve en crue n'a pas envahi leur espace vital.

"Je suis dépité, abattu, parce que je pense qu'il y a encore des milliers d'euros de pertes de matériel, le matériel électrique. Je pense, qu'au total, il y en a pour 30 000 et 50 000 euros de pertes. On perd notre revenu. On sort d'un été avec la pression du loup où on a été malmenés, on se dit que l'hiver va être plus calme et on se fait malmener par ça. Cela devient compliqué psychologiquement", confie l'agriculteur. 

Crue exceptionnelle

Voyant la vigilance de Météo France passer du jaune à l'orange en Haute-Savoie ce mardi 14 novembre, Franck de Nale avait tenté de mettre un maximum d'outils à l'abri, hier, en fin de journée. Son tracteur et son désherbeur électrique à 20 000 euros sont sauvés.

Mais la crue a déjoué les pronostics, le département ayant été classé en vigilance rouge dans la nuit.

"L'année passée, on a connu une petite inondation quand l'Arve était montée à 3,60 mètres. Cela avait inondé sur 30 à 40 centimètres mais c'est resté, disons, une nuit et le lendemain matin il n'y avait plus rien. On avait perdu à peu près 5000 euros de chiffre d'affaires, sur les poireaux et les choux qui avaient pourri"

"On bat les records"

"C'est déjà arrivé le 2 mai 2015, exactement la même chose, dans les serres, il y avait 2,75 mètres d'eau. L'Arve monte tellement haut que le Foron (le ruisseau, NDLR) ne peut plus se jeter dans l'Arve donc il traverse nos terrains et cela anéantit la totalité de la culture", raconte Guy Ciclet, le propriétaire des terrains.

"Là, on a pulvérisé le record. L'Arve à 5 mètres moi je ne l'avais jamais vue", renchérit Franck de Nale. "En 2015, c'était 4,60 mètres. Une crue comme celle de 2015, je m'étais dit qu'on n'en reverrait pas avant une trentaine d'années", se désole-t-il. "On bat les records", estime sa compagne, Joanny, sur la page facebook de l'exploitation.

L'indemnisation en question

Ce mercredi après-midi, il espère pouvoir accéder à ses champs, la décrue s'étant amorcée. Viendra alors le temps du bilan et des expertises. Sera-t-il indemnisé ? Rien n'est moins sûr. 

"Si on monte des digues, l'eau se déversera ailleurs et il y aura plus de dégâts dans les maisons. Nos terrains agricoles servent à protéger les populations, donc le risque devrait être pris en charge par la collectivité, estime-t-il. 

Cette crue, c'est un coup de massue pour Franck de Nale. L'agriculteur regrette qu'on ne lui ait pas encore proposé de soutien psychologique.

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