Le juge antiterroriste Marc Trevidic vient d’arriver à Alger pour faire la lumière sur le massacre de Tibhirine. Il doit participer cette semaine à une expertise des têtes des religieux issus de l'Abbaye de Tamié (Savoie), enterrées dans les jardins de leur ancien monastère près de Médéa.

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Marc Trevidic est arrivé dimanche à Alger avec sa collègue Nathalie Poux. Les deux magistrats n’ont fait aucune déclaration à la presse depuis leur arrivée, mais selon une source proche du dossier, ils devraient se rendre dans l'ancien monastère près de Médéa, ce mardi 14 octobre.


Un voyage attendu de longue date

Ce voyage a fait l'objet de longues tractations entre Paris et Alger. Les deux reports successifs après l'accord de principe donné par Alger en novembre 2013, avaient suscité l'agacement du juge Trevidic qui avait demandé à se rendre en Algérie il y a près de trois ans, dans une commission rogatoire internationale.

Une mission très encadrée

Le ministre algérien de la Justice, Tayeb Louh, a précisé que le juge français allait travailler sous l’autorité d’un juge algérien. Précisant par ailleurs que les autopsies des têtes des sept moines décapités seront pratiquées par la partie algérienne, en présence des juges français. Selon le ministre, il s’agit de « souveraineté nationale », ce sont également selon lui « les usages internationaux ».

Echange de bons procédés

Le pôle pénal d’Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et de criminalité instruit également l’affaire de son côté. Le juge algérien en charge du dossier se déplacera à son tour en France durant la dernière semaine d’octobre selon le ministre Louh.
Selon la presse algérienne, il aurait obtenu l’autorisation d’auditionner deux membres des services secrets français. Il s'agit de Pierre le Doaré, ancien chef d'antenne des services secrets français (DGSE) à Alger (1994-1996), et Jean-Charles Marchiani, ancien officier du même service et ex-préfet du Var.

Le juge français en revanche n’a pas obtenu l’autorisation de réaliser une série d’auditions de témoins qu’il réclamait.  Les auditions d'une vingtaine de témoins et l'autopsie des crânes des moines constituaient les deux aspects essentiels de la commission rogatoire internationale (CRI) adressée en décembre 2011 à l'Algérie.

Une affaire très trouble

Les moines Christian de Cherge, Luc Dochier, Paul Favre Miville, Michel Fleury, Christophe Lebreton, Bruno Lemarchand et Célestin Ringeard avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé près de Medea (sud d'Alger). Leur assassinat avait été revendiqué par le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni. Les têtes des moines avaient été retrouvées le 30 mai au bord d'une route de montagne, mais leurs corps ne l'ont jamais été, soulevant l'hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort.

Après avoir suivi la thèse islamiste, l'enquête judiciaire s'est réorientée vers une possible bavure de l'armée algérienne depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger.
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