Mondiaux de ski alpin 2023 : Brides-les-Bains, petit village savoyard transformé en camp de base stratégique pour sportifs et journalistes du monde entier

REPORTAGE. Alors que les Championnats du monde de ski de Courchevel et Méribel battent leur plein, le petit village de Brides-les-Bains occupe une place importante, mais discrète, dans l'organisation de l'événement. Située dans la vallée, à mi-chemin entre les deux stations de ski, la commune sert de base arrière pour de nombreux journalistes internationaux et plusieurs équipes de ski.

Loin du tumulte des stations de Courchevel et Méribel, loin de la ferveur du public de ces Mondiaux de ski, se situe la petite commune de Brides-les-Bains, lovée au fond de la vallée de la Tarentaise. Si ce village n'accueille aucune épreuve de ces Championnats du monde de ski alpin, il y joue tout de même un rôle important voire indispensable : il est le lieu d'accueil de centaines de journalistes et de plusieurs équipes nationales de ski.

Une rue principale, quelques commerces, une supérette, un casino, s'organisent entre la départementale 915 et le Doron, une rivière à l'eau si froide en ce mois de février qu'elle est gelée par endroits.

Moins huppée, moins chère que Méribel ou Courchevel mais idéalement située à mi-chemin entre les deux stations de ski, Brides-les-Bains ne compte que 512 habitants à l'année. Mais en période de forte activité, le village peut accueillir des milliers de personnes : "Nous avons 5 000 lits touristiques. C'est un village-ski et une station thermale qui fonctionne quasiment toute l'année. A partir de mi-mars jusqu'à octobre, nous sommes spécialisés dans les cures thermales médicalisées autour de la surcharge pondérale et de la rhumatologie. Puis, nous sommes au pied du plus grand domaine skiable du monde et de plusieurs cols mythiques du Tour de France. Nous sommes le kilomètre 0 de l'ascension du col de la Loze ! On a des activités 11 mois sur 12, c'est un véritable modèle économique", raconte le maire, Bruno Pideil, pull d'hiver sur le dos, prêt à embarquer dans la télécabine de Brides-les-Bains qui relie, en quelques minutes, le village à la station de Méribel, où se déroulent es compétitions féminines.

Des skieurs du Timor et du Togo

Au total, pas moins de 13 hôtels occupent les quelques rues du village. En cette période de Championnats du monde, les chambres sont occupées par des journalistes venus du monde entier, mais aussi par des skieurs de "petites nations dans le monde du ski", selon l'édile. "Les principales équipes logent à Méribel ou Courchevel parce que leurs fédérations ont les moyens pour ça. Ici, certaines équipes plus modestes et des médias peuvent se loger à moindres frais et toujours avoir un accès rapide aux stations."

Nous sommes un petit village de Savoie et on arrive à accueillir les skieurs de près de 25 pays différents.

Gautier Houssin, président de l'office du tourisme de Brides-les-Bains

"Un collègue accueille le Togo, le Kazakhstan, la Chine, l'Algérie, le Maroc, Saint-Marin, l'Ouzbékistan et l'Iran. Un autre reçoit le Portugal, le Mexique ou encore le Timor", énumère Gautier Houssin, président de l'office du tourisme et directeur de l'hôtel Mercure, situé au centre du village. "On est très contents de les recevoir. C'est ça aussi la beauté de ces Championnats du monde : c'est comme lors des Jeux olympiques, on peut voir des petites nations être représentées dans les plus grandes compétitions et parfois créer la surprise."

Son établissement affiche quasi complet pour ces deux semaines de Mondiaux. Sur 102 chambres, une centaine est occupée par la télévision française, la presse autrichienne et la RTS, la radio-télévision suisse.

Un team de ski pas comme les autres

La relation entre Brides-les-Bains et le ski remonte à 1992 et aux Jeux olympiques d'hiver d'Albertville. Á l'époque, la petite commune, alors uniquement spécialisée dans les cures thermales, était devenue "village olympique" et avait - déjà - accueilli des skieurs, des médias et des touristes du monde entier. La télécabine de "L'Olympe" qui relie la commune à Méribel avait été construite pour l'occasion.

Trente ans ont passé, mais cet héritage et la culture des sports d'hiver sont toujours présents. A l'entrée du village, le nom de la commune est désormais suivi de la mention "Thermalisme et sports d'hiver". Depuis 2010, une structure de ski de haut niveau y a même établi son camp de base.

"On a près de 70 skieurs et notre staff représente une trentaine de personnes. On est donc à peu près 100. Sur un village de 512 habitants, ça fait beaucoup. Je ne peux pas boire un canon sans être reconnu ici", s'amuse Alexandre Fourrat, directeur sportif d'Orsatus.

Cet ancien skieur, passé pendant huit ans dans le circuit de la FIS (Fédération internationale de ski, ndlr), a décidé de monter en 2011 une équipe privée destinée, en grande partie, à aider les jeunes recalés de leur fédération, faute de quota. Ou encore ceux qui n'ont pas les structures nécessaires à leur développement dans leur pays.

C'est une sorte de seconde chance. La structure leur permet de continuer le ski au plus haut niveau.

Alexandre Fourrat, directeur sportif d'Orsatus.

Pendant ces Championnats du monde, dix skieurs coachés par Orsatus vont concourir : "Ce sont de petites fédérations, qui n'ont pas de coach et qui nous missionnent pour former leurs jeunes. Il s'agit notamment de la Belgique, de la Grèce, de l'Irlande, de Madagascar, Haïti, Malte ou encore du Liban. Nous avons aussi un super jeune de 18 ans du Togo qui va concourir. C'est extraordinaire."

Sandwich à la raclette

Dans la rue principale du village, les passants se font rares en ce milieu de journée. Il faut attendre le soir ou le matin pour voir défiler les dizaines de vacanciers, skis sur le dos, redescendre le pas lourd dans la vallée après une journée de glisse. Mais pour l'heure, seuls quelques habitués s'attablent au café du coin. Sylvain, lui, a déjà sorti tout son matériel et sa pancarte dans la rue. Ce commerçant tient une boutique de produits locaux depuis près de 20 ans et propose des sandwichs à la raclette, qu'il fait chauffer dans un petit grill sur le trottoir.

"Mon best-seller, c'est le sandwich à la coppa, c'est une tuerie", explique-t-il. Depuis le début des Mondiaux, Sylvain n'a pas constaté une hausse notable de sa clientèle : "Les familles qui venaient habituellement à cette période, pendant les vacances scolaires, ne sont pas là cette année. Mes clients sont davantage des professionnels", témoigne-t-il au milieu des saucissons, fromages, liqueurs et confitures de myrtille.

"Mais ces Mondiaux sont une bonne chose, ça crée du dynamisme dans la vallée. Et puis juste un mois après la compétition, la période de cure thermale va recommencer. Mais je vendrais peut-être moins de sandwiches à la raclette", concède-t-il.

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