Municipales 2020 : 3 moments forts à retenir du débat du 2nd tour au Bourget-du-Lac (Savoie) diffusé sur France 3 Alpes

REPLAY. Le Bourget-du-Lac va-t-elle (re)pencher à gauche au soir du 2nd tour ? Nicolas Mercat et sa liste DVG, en tête au 1er tour a affronté ce mercredi 24 juin, sur le plateau de France 3 Alpes Marie-Pierre François, et Franck Guissant, tous deux Divers Droite. Voici ce qu'il faut en retenir.

Elle borde le plus grand lac naturel de France. Avec ses 5000 habitants, Le Bourget-du-Lac est une petite commune, à la grande renommée touristique mais aussi économique avec la présence de Savoie Technolac, situé au Nord de Chambéry, et entièrement dédié à l'éco-industrie et aux énergies renouvelables.

En mars 2014, Marie-Pierre François (DVD), alors conseillère municipale dans l'opposition, avait remporté la victoire à la majorité absolue des suffrages dès le premier tour, avec 50,4% des voix. Face à elle, la liste DVG emmenée par le maire sortant Edouard Simonian avait recueilli 49,6% des suffrages. Le scrutin avait connu un taux d'abstention de 34,5%.

Lors de sa campagne, Marie-Pierre François avait annoncé vouloir "corriger les six années de gestion municipale socialiste", notamment en matière d’urbanisme.
 

Le contexte local

Cette année, ils étaient trois sur la ligne de départ du 1er tour du scrutin, le 15 mars, en plein confinement, dans un contexte totalement inédit.

La crise sanitaire provoquée par le COVID 19 a, comme dans toutes les communes eu un impact sur le vote des électeurs : le taux d'abstention a été important. La participation au 1er tour le 15 mars a été de 52,19 % contre 65,52 % en 2014, soit une baisse de 13,33 points. (Le taux de participation dans le département de la Savoie a baissé depuis le scrutin précédent. Il était de 72,44 %, contre 55,73 % cette année.)

 Au Bourget-du-Lac, les électeurs qui se sont déplacés ont plébiscité Nicolas Mercat (DVG) : il est arrivé en première position avec 47,33 % des votes (soit 774 voix).

29,66 % des électeurs (soit 485 voix) ont montré leur préférence pour Marie-Pierre François, la maire sortante et sa liste DVD.

Quant à Franck Guissant, l'autre DVD, il est arrivé en 3ème position avec 22,99 % des suffrages (soit 376 voix).

Aucune des listes n'ayant atteint plus de 50% des voix, un second tour doit avoir lieu ce 28 juin, mais Nicolas Mercat partira avec une longueur d’avance. Le quinquagénaire a failli l'emporter dès ce 1er tour à 44 voix près ! A noter qu'il compte parmi les membres de sa liste, un ancien maire... du nom d'Edouard Simonian, qui entend notamment faire profiter de ses compétences "en matière de transports et de mobilité".

Pas question en tout cas pour Franck Guissant de se retirer ou de faire alliance : adjoint au développement durable dans l’équipe sortante, il avait décidé de monter une liste dissidente face au maire sortant précisément. Il s'est donc maintenu, il garde espoir et compte sur un taux de participation plus important, estimant que l’épidémie du coronavirus a forcément tronqué le scrutin.
 

Le débat du 24 juin

Sur le plateau de France 3 Alpes ils sont encore trois candidats à s'affronter lors du débat animé par Jordan Guéant

  • Marie-Pierre François : 62 ans, mère de 4 enfants, gérante d’une société de location de bateaux avant d'être élue maire en 2014. Liste divers droite "Ensemble continuons".
  • Nicolas Mercat : 55 ans, ancien chasseur alpin. Fondateur d’une entreprise spécialisée dans le développement durable. Liste étiquetée par la préfecture de Savoie divers gauche "Vivre le Bourget".
  • Franck Guissant : 42 ans, Directeur en santé publique, spécialisé dans le dépistage. Liste étiquetée divers droite par la préfecture "Le Bourget c'est vous".

Etiquetée, le mot est important, car les têtes de listes, Nicolas Mercat, comme Franck Guissant y tiennent tous les deux. L'un comme l'autre estiment que cette étiquette leur a à tort été "collée", attribuée à mauvais escient par la préfecture de Savoie. Ils estiment rassembler toutes les diversités, et être a-politiques. L'appellation les rend "chiffons" même s'ils n'ont pas jugé indispensable de déposer recours, comme ils pouvaient le faire.

Ils entendaient toutefois,"faire passer le message", ce qu'ils ont fait, unanimes, au bout de quelques 15 minutes, quitte à bousculer un peu le fil du débat qui s'est ouvert sur ce qui au fond les... différencie.
 

Trois listes en lice...mais quelles réelles différences ?

C''est d'abord à Marie-Pierre François, la maire Divers droite du Bourget-du-Lac depuis 2014 que Jordan Guéant pose la question. La voici en effet face à la candidature dissidente de Franck Guissant : "C'est une question  vraiment complexe" répond-elle, un peu embarrassée "c'est vrai qu'à mi-mandat, nous avons eu des désaccords, des différends, j'ai voulu recentrer à un moment les compétences de mon équipe, notamment des compétences écologiques et dans le domaine de la transition énergétique et je pense que certains ne se sont pas retrouvés sur certains points" .

Franck Guissant aurait-il monté sa propre liste, pour se faire une place qu'il ne trouvait plus ? Le plus jeune des candidats en tout cas affiche clairement son opposition : "ce sont des désaccords de fond" renvoie-t-il sans sourciller, "en matière d''urbanisation", en citant par exemple le projet d'aménagement urbain de la Croix Verte (financé à hauteur de 2.4 millions par Grand Lac). "Il existe une vraie dissociation sur les choix, la méthode et le mode de gouvernance aussi" ajoute-il.

Bref, le divorce entre ces deux-là est consommé. Est-ce à dire que c'est cette rupture qui aurait permis au troisième homme de caracoler en tête au soir du 1er tour ? Nicolas Mercat, "prêt et serein" est persuadé qu'il s'agit au contraire d'une véritable adhésion au projet social, très différent et très engagé sur l'écologie qu'il présente avec ses co-listiers, qu'ils bâtissent depuis plus d'un an les choses avec les citoyens concernés, et qu'il croît dur comme fer à la démocratie participative, un programme très vert et très rose en somme, qui revendique la... rupture, face à ses concurrents.

 

 


Savoie Technolac : son développement cristallise le débat autour du logement et des transports

Qui parle du Bourget-du-Lac doit forcément évoquer Savoie Technolac, plus grand "cluster" français dans le domaine de l’énergie, implanté sur la commune. Savoie Technolac regroupe 230 entreprises, 1 000 chercheurs avec notamment l’INES, Institut national de l’énergie solaire, 5 000 étudiants, 9 000 emplois au total, pour l'instant.

Car d'ici à 2024, le site va doubler de volume avec 30 hectares supplémentaires. Près de 18 000 personnes, à plus ou moins long terme y viendront travailler. Le développement de ce pôle qui est déjà un centre scientifique et économique extrêmement important, est un formidable enjeu, mais il cristallise aussi les débats, et accentue les problématiques.

Si chacun s'accorde à saluer le consensus politique et l'intelligence collective qui a présidé à sa naissance, il y a près de 30 ans, tous se préoccupent des enjeux au coeur de son développement : "Soit on le subit, soit on l'organise" selon les mots de Patrick Guissand, autrefois adjoint au développement durable, qui pour le coup lance ses pierres dans le jardin de madame le maire sortante : "des plans d'urbanisation ont été lancés, de manière extrêmement rapide et de façon totalement irréfléchie, nous nous voulons préserver ce qui fait notre richesse, notre âme de village, nos paysages."

Chacun s'accorde aussi sur la nécessité de se pencher sur les accès, le réseau des transports en aménageant plus de voies pour les bus, le logement tout particulièrement, afin notamment d'endiguer la spéculation foncière et la pression immobilière : "Nous nous avons des solutions, et la commune a les moyens de le faire, il faut  développer le logement social, permettre à des jeunes de s'installer, via les sociétés HLM des bailleurs, qui resteraient propriétaires des terrains, ça n'existe pas encore en Rhône-Alpes-Auvergne, mais ailleurs." propose Nicolas Mercat.

"Mais c'est notre projet en cours", s'indigne en face Marie-Pierre François : "vous êtes mal renseigné, on est même commune pilote pour ce type de contrat, nous avons signé une convention déjà avec la Savoisienne qui a d'ailleurs déjà fléché des terrains!" fulmine-t-elle avant, finalement, de jubiler, : " en fait je suis fière de pouvoir du coup l'annoncer" puis elle s'attache à défendre son bilan : "l'écologie n'est pas l'apanage de la gauche, tout le monde s'en préoccupe, et d'ailleurs nous avons mis en place un plan climat qui imposera bientôt des énergies renouvelables pour plus de 30 % des logements, il ne faut pas dire qu'on ne fait rien". 

Quant à Savoie Technolac, elle préfère rappeller "que c'est la fierté et l'ADN de la ville qui profite des retombées de ses richesses " et quand Nicolas Mercat lui reproche et dénonce "des années de mandat catastrophiques en matière de gestion des transports publics", elle renvoie illico le ballon... au maire sortant socialiste... Simonian qui "(nous) a laissés en 2014 un bilan catastrophique, alors oui, j'ai dû faire des choix financiers, mais bien sûr qu'on a travaillé sur la mobilité douce. On a subi la baisse des dotations de l'Etat, vous le savez, vous étiez avec moi dans la commission des transports" lance-t-elle à Nicolas Mercat.

 

 


Quelle priorité dans le monde d'après Covid 19, pour préserver la qualité de la vie ?

La crise sanitaire qui a secoué le monde entier, et qui est loin d'être terminée, a marqué indéniablement les esprits et quasiment tous les programmes des candidats aux élections municipales. Les valeurs humaines ou la qualité de la vie sont plus que jamais en tête d'affiche des intentions.

"Préserver notre cadre de vie, c'est ce qui nous tient à coeur", répond Patrick Guissant, qui revient à la préservation du patrimoine : "nous avons des solutions concrètes, nous avons des outils, pour préserver notre environnement, je pense aux granges, aux bâtiments agricoles qu'il est important de rénover, par le biais de l'usufruit locatif et social".

Pour Nicolas Mercat : " la qualité de la vie, c'est bien sûr l'environnement mais c'est surtout la qualité des liens humains, la solidarité envers les aînés, protéger les plus jeunes, il faut créer du lien, du tissu associatif".

Un ballon que Marie-Pierre François saisit au bond : "justement, nous en avons fait la démonstration pendant cette crise terrible, cette solidarité existe, et les associations, elles sont près d'un cinquantaine, que la mairie soutient, étaient bien présentes" affirme et conclut la maire sortante qui rappelle, l'air de rien, qu'elle était sur le front pendant ces moments-là.

Toujours est-il qu'au moment du dépouillement dimanche soir 28 juin, au Bourget-du-Lac, le suspense sera entier.

 

 

 

Revoir le débat dans son intégralité

 

 

 

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