La ministre de la Santé Marisol Touraine a relancé une enquête nationale auprès de tous les établissements approvisionnés en poches alimentaires par le laboratoire Marette, après un quatrième décès suspect de nourrison à l'hôpital de Chambéry.
"J'ai demandé que l'ensemble des cas de décès ou d'accidents intervenus pour des nourrissons dans l'un des 16 établissements approvisionnés par le laboratoire Marette soient signalés au niveau national", a déclaré Mme Touraine à la sortie du Conseil des ministres. Elle a précisé que le gouvernement disposerait "de l'ensemble des informations nécessaires la semaine prochaine".
Après Chloé, Théo et Milie, trois bébés morts les 6, 7 et 12 décembre dans cet établissement, la justice s'intéresse désormais à un 4e nourrisson, Mattéo, décédé neuf mois plus tôt avec des symptômes largement similaires. Les quatre étaient nourris avec des poches de nutrition fabriquées par le laboratoire Marette situé dans le Calvados. "Il s'agit d'un bébé qui est mort au mois de mars, pas du tout à la même période, pour lequel l'hôpital (de Chambéry) s'interroge et pour lequel la famille nous a saisis", a précisé le procureur de Marseille, Brice Robin, l'affaire étant désormais gérée par la justice marseillaise via son pôle de santé publique.
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Reportage Céline Aubert et Frédéric Pasquette
Pour les trois premiers nouveau-nés, le Dr Michel Deiber, chef du service, avait évoqué "un tableau de choc septique très brutal, conduisant au décès en quelques heures malgré les manoeuvres de réanimation". Un autre nourrisson, avec des symptômes identiques, avait pu être sauvé in extremis. Le bébé mort en mars est égalerment décédé très rapidement, selon le procureur de Marseille.
Il est trop tôt pour savoir si les causes de la mort de ce bébé sont les mêmes"
Des analyses effectuées sur 10 poches alimentaires d'un lot suspect, destinées aux nouveau-nés du service de néonatologie à Chambéry, avaient montré une contamination pour six d'entre elles par "un seul et même germe". Selon l'institut Pasteur, il s'agit "d'une nouvelle bactérie, de la grande famille des entérobactéries, d'origine environnementale", c'est-à-dire qu'on peut trouver dans le sol, l'air ou l'eau.
Ces six poches provenaient toutes d'un lot de 137 poches fabriquées le 28 novembre par Marette - donc postérieurement au décès de mars - et qui ont été retirées dès l'apparition des premiers soupçons, le 17 décembre.
"Il est trop tôt pour savoir si les causes de la mort de ce bébé sont les mêmes" que pour les trois autres, a toutefois souligné Mme Touraine qui a précisé qu'elle attendait les résultats d'une inspection menée à l'hôpital de Chambéry pour la semaine prochaine et que si des "dysfonctionnements" étaient intervenus, elles prendrait les "mesures nécessaires".
De leur côté, après la révélation de ce quatrième cas suspect, les parents d'un des nourrissons morts en décembre à Chambéry ont appelé "tous les parents dans le doute quant au décès brutal de leur bébé à se signaler". "D'autres nourrissons sont peut-être également décédés de mort subite, suite aux mêmes symptômes, sans que les pédiatres aient pu en déterminer la cause", ont déclaré les parents de Théo, mort le 7 décembre.