Rugby, Mondial: Le XV de France continue de mouiller le maillot à Tignes

Les joueurs de l'équipe de France de rugby continuent de fabriquer des globules dans la station de Tignes en Savoie, le XV de France est en préparation pour le Mondial : objectif souder l'équipe en lui réservant quelques surprises dont le manager Philippe Saint-André a le secret.

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Drôle de scène pour une vingtaine de randonneurs venue admirer le glacier de la Grande Motte depuis la terrasse d'un restaurant : là, à 3032 mètres, au milieu des tables en bois et des transats, 12 joueurs du XV de France moulinent sur un vélo d'entraînement à résistance.
"On se met sur programme 6 et c'est quand vous voulez", crie à l'adresse de la petite troupe Julien Deloire, le responsable de la préparation physique des Bleus. En stage de préparation à Tignes (Savoie), ils ont respiré lundi l'air des cimes et transpiré à plus de 3000 m d'altitude afin d'éprouver encore plus leur résistance en vue de la prochaine Coupe du monde.

Le troisième ligne Bernard LeRoux, le pilier Xavier Chiocci ou encore le centre Mathieu Bastareaud, peut-être motivés par l'imaginaire conquête d'un maillot à pois de meilleur grimpeur, appuient autant qu'ils peuvent sur les pédales, 6 secondes durant.
"On cherche à reproduire des efforts très courts, à haute intensité et quand les cuisses deviennent lactiques, dans un endroit où l'oxygène est plus rare", explique le préparateur physique Bruno Dalla Riva.

"Sur le terrain, ça se traduira par la capacité à imposer notre propre rythme, notre propre intensité, sur des séquences longues où l'adversaire sera fatigué et où il faudra tenir, poursuit-il. Il y aura des situations où il faudra répéter des efforts violents, enchaîner des courses de soutien, des déblayages, des plaquages, se relever, repartir, et ce plusieurs fois."

Plein les jambes, plein les yeux

Au total, chacun effectuera donc trois "blocs" de 6 minutes 30 secondes, entrecoupés d'une minute trente de récupération. Dans chaque bloc, des sprints de 6 secondes, l'équivalent de 120 à 140 mètres parcourus, puis 24 secondes pour souffler. Loin d'être facile, au vu des grimaces. Et le magnifique panorama ensoleillé offert par la Pointe de la Sana (3436 m) ou la Grande Casse (3852 m) qui domine la Vanoise ne donne qu'un vague réconfort.

Les 12 victimes sont surveillées de près et en temps réel. Derrière elles, deux ordinateurs sont reliés aux cardiofréquencemètres qui équipent tous les joueurs. Et chaque vélo est doté d'une clé USB dont les données seront triées et analysées dans la soirée, ce qui permettra de comparer les effets des sessions dans la morne plaine de Marcoussis (Essonne), à 2100 m au bord du lac de Tignes, et au pied du glacier.

Sur le côté, le demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde, qui a subi un choc au genou droit à l'entraînement dimanche, est lui partiellement épargné. Accompagné de Robin Ladauge, un autre préparateur physique, il enchaîne tout de même exercices de boxe et renforcement des bras avec des bandes élastiques.

48 heures de surprises

Un peu plus loin, un autre groupe de 12 joueurs sort du funiculaire qui permet d'avaler les 900 mètres de dénivelé depuis le lac de Tignes, et s'avance vers son supplice. Un dernier suivra, 30 minutes plus tard.Les 36 Bleus réunis à Tignes depuis six jours ne seront pas au bout de leurs peines mardi et mercredi puisque 48 heures d'activités au grand air les attendent. Le secret sur le programme est méticuleusement préservé par le manager Philippe Saint-André depuis des semaines mais il se murmure qu'il faudra grimper et se préparer à une nuit en refuge, probablement dans un confort sommaire.

"Moi, j'aime bien les surprises", confie le deuxième ligne Pascal Papé, qui a déjà eu un traitement similaire avant le Mondial-2011. "Ce n'est que des bons souvenirs. C'est tous ces moments où tu es fou de dormir sous la tente, de courir avec des clébards, de pousser des bateaux, de remettre du goudron chez un agriculteur..."
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