La direction de l'usine Socla de Mery en Savoie a annoncé ce mardi 16 mars à ses 86 salariés la fermeture du site et le licenciement de 52 d'entre eux. Une journée de grève est prévue le 22 mars, à la veille du début des négociations du plan de sauvegarde de l'emploi.
C'est un coup de massue pour les 86 salariés de l'usine Socla de Mery, spécialisée dans l'usinage de pièces de robinetterie. La direction a annoncé au personnel ce mardi 16 mars, lors d'une réunion extraordinaire, la fermeture totale du site. A la clé : 52 licenciements, et une trentaine de transferts vers d'autres usines du groupe.
Une fermeture pour cause d'"absence de croissance, [de] prix et coûts non concurrentiels ainsi que [de] problèmes de satisfaction client", explique la direction dans une lettre adressée aux ouvriers. Le site de Mery souffrirait ainsi d'un "manque structurel de compétitivité", ajoute-t-elle. Contactée par France 3, la direction soutient que l'usine perd de l'argent et fait face à "une pression concurrentielle très forte".
"Pour les actionnaires, on ne génère pas assez de profits", suggère de son côté Jacky Perot, délégué syndical CGT.
"Des rustines sur des rustines"
Il y a neuf ans, l'entreprise Socla et ses usines ont été rachetées par les Américains de Watts Industries. Depuis, "pour réaliser plus de profits, on a augmenté la cadence, diminué nos souplesses d'horaires, on nous a fliqués très durement, on a diminué les effectifs (l'usine comptait encore 130 salariés en 2016, ndlr) et on n'a pas investi, à part pour une machine", liste Jacky Perot, estimant qu'"une entreprise qui n'investit pas est une entreprise malade".
Résultat : "on faisait des rustines sur des rustines, pour des machines qui ont plus de vingt ans", alors même que les effectifs du service maintenance et entretien ont été divisés par trois, à en croire le délégué syndical. Reste aux salariés un arrière goût de sabotage prémédité : "Notre ressenti, c'est qu'ils ont pris le carnet de commandes Europe, et ont copié notre savoir en Chine" pour produire au moindre coût.
"Il n’y a jamais eu de sabotage", se défend la direction, qui se dit avant tout victime du "contexte de marché". L'entreprise affirme reconnaître "les efforts des salariés", et assure que "la fermeture n'a rien à voir avec leur professionnalisme" :
C'est pour ça que nous allons mettre tout en place pour favoriser les mobilités internes afin de préserver un maximum d'emplois. Pour les autres, on mettra en place des mesures.
Une décolalisation en Chine ?
Le projet, présenté aux partenaires sociaux ce mardi, promet à l'heure actuelle le transfert de 30 postes de Mery vers l'usine de Virey-le-Grand, en Saône-et-Loire, pour la production de vannes dites "papillon" non-standards. Trois postes de recherche et développement seraient maintenus en Savoie. Les 52 autres postes devraient être purement et simplement supprimés.
La production de vannes papillon standardisées devrait ainsi être transférée en Chine, à en croire la CGT. Une information que l'entreprise refuse d'infirmer ou de confirmer tant que les négociations n'ont pas débuté.
Et malgré les promesses de Watts Industries, les syndicats se préparent à d'âpres négociations. "On va se battre pour que chaque personne parte avec ce qu'elle mérite", affirme Jacky Perot, alors qu'une journée de grève sera organisée lundi 22 mars "pour marquer le coup et dire qu'on ne se laissera pas faire". Avec une crainte persistante :
La moyenne d'âge ici est de 45 ans. Les ouvriers ont des familles, ont acheté une maison, sont installés. Je les vois mal accepter de partir à Châlons-sur-Saône. S'ils refusent d'être mutés, la direction pourrait y voir un refus de travail et transformer ça en rupture conventionnelle. Ils partiraient sans rien.
De son côté, la direction assure avoir entamé la recherche d'un repreneur "avant même la présentation du projet aux salariés". Rendez-vous au 23 mars pour le début des négociations.