Le chalet de luxe de la station chic de Courchevel, dont le chantier à l’abandon depuis des années oppose un promoteur corse et un oligarque russe, a été racheté aux enchères pour 24 millions d’euros ce vendredi 7 mai devant le tribunal d'Albertville
La vente devant le tribunal d’Albertville s’est faite pour le compte du Russe, Nikolaï Sarkisov, un habitué de Courchevel qui a fait fortune dans l’assurance.
Il s’était associé en 2010 avec le Corse, François-Xavier Susini, propriétaire de restaurants dans la station, pour construire le chalet Apopka, un palace de 2.753 mètres carrés comprenant huit chambres avec sauna, jacuzzi, piscine, salle de gym, bar-lounge et cinéma privatif.
M. Susini s’était chargé de trouver le terrain et d’obtenir le permis de construire, tandis que M. Sarkisov a financé l’opération via des emprunts bancaires, chacun devant au final posséder la moitié d’Apopka et tirer profit de sa location, selon leurs accords.
Le chalet aurait dû accueillir ses premiers clients à l’hiver 2015, à un tarif atteignant 300.000 euros la semaine au plus fort de la saison. Mais le chantier a pris du retard et l’ambiance a tourné au vinaigre entre les deux hommes qui s’opposent depuis devant les tribunaux.
Dans le cadre de leur conflit, M. Susini s’est arrogé la propriété intégrale du chalet mais M. Sarkisov a obtenu qu’il soit saisi et mis aux enchères afin de récupérer sa mise initiale.
Vendredi après-midi, un avocat a enchéri avec succès à 24 millions d’euros pour le compte d’une société derrière laquelle il serait « vraisemblable » de retrouver le Russe, selon l’avocat du Corse, Me Maurice Lantourne.
« Je ne cautionne pas cette information », a déclaré à l’AFP Me Didier Camus, l’avocat qui a porté l’offre d’achat. Après avoir lui-même mis aux enchères le chalet pour le compte de M. Sarkisov.
Sur le papier, c’est une société "Mascara Courchevel" qui a racheté Apopka. Le registre du commerce indique qu’elle est administrée par deux femmes, liées à des sociétés du Russe, selon une source proche du dossier.
L’affaire est loin d’être réglée entre les deux hommes qui s’affrontent en justice autour d’un autre chalet, Owens, qu’ils ont fait constuire à Courchevel pour 14 millions.
« M. Sarkisov veut le beurre et l’argent du beurre, il a une volonté belliqueuse au lieu de trouver un arrangement à l’amiable qui permettrait de sortir par le haut », estime Me Pascal Garbarini, qui intervient pour M. Susini dans une procédure au civil engagée à Paris.