Réfugié en Savoie, Mourad B. a vu sa demande d'asile rejetée. Le problème, c'est que l'homme est témoin dans l'affaire de l'assassinat des moines de Tibéhirine en 1996. Il a notamment mis en cause l'armée algérienne et dit, aujourd'hui, risquer la peine de mort s'il rentre dans son pays. 

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Un témoin mettant en cause l'armée algérienne dans l'assassinat en 1996 des moines de Tibéhirine, a vu sa demande d'asile en France rejetée alors qu'il risque, selon lui, la peine de mort en Algérie, a-t-on appris vendredi auprès de l'intéressé.

Mourad B., 34 ans, vit en Savoie. Il se présente comme un ex-agent des services secrets algériens. En janvier, il a été entendu à ce titre par le juge antiterroriste français Marc Trevidic. L'homme lui a expliqué avoir infiltré les rangs islamistes pour le compte des services algériens fin 2006-début 2007. Mais fin 2009, début 2010, il exprime le souhait d'arrêter de travailler pour les services. Un supérieur l'aurait alors prévenu "qu'on ne sortait pas de chez eux comme on y entrait".

Reportage de Renaud Gardette & Jordan Guéant


"Il n'apporte aucune précision" 

Un autre officier se serait ensuite fait plus précis dans ses menaces: "Si tu nous trahis, on fera ce que le colonel (...) a fait aux moines", l'aurait prévenu ce supérieur, selon sa déclaration. Il quitte l'Algérie en 2011 et demande plusieurs fois l'asile en France. Le 12 août, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) rejette la demande de réexamen de son dossier, selon un document que l'AFP a pu consulter. 

Dans sa décision, l'Ofpra argumente: "l'intéressé (...) n'a pas été en mesure de produire des explications personnalisées et convaincantes de nature à établir la réalité" de sa collaboration avec les services de renseignements algériens. "Concernant sa connaissance d'éléments gênants pour les autorités algériennes", il "n'apporte aucune précisions de nature à indiquer qu'il connait des éléments autres que ceux à caractère général ou accessibles par des sources publiques", poursuit l'office.

"Si je suis renvoyé en Algérie, je vais être jugé par le tribunal militaire pour trahison et c'est la peine de mort", s'inquiète Mourad B. auprès de l'AFP. Son témoignage, difficile à corroborer, va dans le sens du scénario de l'implication de l'armée algérienne dans la mort des moines français. La thèse officielle est celle d'un crime commis par le Groupe islamique armé (GIA).

Mais cette version a été contestée lors de l'enquête française ouverte en 2004. D'anciens militaires ont eux évoqué une manipulation des services secrets algériens, leur imputant la responsabilité du massacre.
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