Kévin Rolland, qui fait partie de la poignée de vrais chercheurs d'or français à Sotchi, va devoir surmonter son stress et les attentes autour de sa personne pour devenir le tout premier champion olympique de ski half-pipe.
A 24 ans, le Savoyard fait partie du bataillon d'élite de son sport, rivalisant depuis plusieurs années avec les Nord-Américains (comme le Canadien Mike Riddle et les Américains David Wise et Torin Yater-Wallace) dans le "pipe", ce demi-tube de neige aux parois géantes dans lequel les "riders" effectuent des figures complexes ("tricks").
Champion du monde 2009 et vice-champion du monde 2011, il est surtout double vainqueur des X Games d'Aspen, la compétition de référence et celle qui a assis sa réputation outre-Atlantique. Un CV en béton armé. Si Rolland est déjà un nom dans le milieu, un titre olympique le ferait basculer, lui et sa discipline, dans un autre univers, celui des magazines et des émissions de télévision grand public.
La pression est donc là et il ne s'en cache pas. Au contraire, il s'en nourrit
"Je suis très stressé, confie-t-il. Quand je suis dans le "pipe", tout va bien, mais c'est quand je ne suis pas sur les skis que ça ne va pas trop bien. Mais il n'y a rien d'alarmant. Le stress, c'est bon signe pour moi, tempère-t-il. J'en ai besoin, ça me fait tenir debout. C'est un moteur même si c'est pas très agréable avant une compétition. Des athlètes pas du tout stressés, j'en connais pas!"
"Je sais bien que Kévin est un mec qui va se faire 20 milliards de films avant (l'épreuve), mais je sais aussi qu'une fois sur les skis, il devient une machine", se rassure l'entraîneur des Bleus du half-pipe, Greg Guénet, qui dispose d'une belle armada, en plus de son fer de lance.
Avec Xavier Bertoni, Thomas Krief et Benoît Valentin, ainsi qu'Anaïs Caradeux et Marie Martinod chez les filles, la France compte en effet cinq autres prétendants au podium.
Médaillé de bronze aux Mondiaux-2013, Krief annonce d'ailleurs la couleur: "Je ne suis pas adepte de l'expression de Pierre de Coubertin. L'important, ce n'est pas de participer. On est pas là pour faire les touristes. Ces JO sont une grosse publicité pour notre sport".
Il va falloir que je sois bon. Et je vais être bon!
La grande inquiétude des Bleus c'est que l'état du half-pipe entraîne un nivellement. Dans un "pipe" un peu dégradé, comme ce fut le cas en snowboard, les Français et les autres favoris auront alors plus de mal à se détacher du lot car avec moins de vitesse et d'amplitude, ils pourront plus difficilement passer leurs figures les plus techniques.
Si les snowboardeurs ont droit aux honneurs olympiques en half-pipe depuis 1998, les skieurs ont dû attendre longtemps (2011) avant d'obtenir leur reconnaissance. Depuis cette date, Kévin Rolland n'a plus qu'une idée en tête. "Je suis un vrai compétiteur et les JO sont la plus grande compétition au monde", dit-il.
"Il va falloir que je sois bon. Et je vais être bon!", assène-t-il, sûr de sa force et de ce run (sa série de figures) qu'il se doit de "poser" sans accroc, au risque de se retrouver avec un métal non doré.
"Si Kévin décroche l'argent, il va sourire mais au fond il sera triste car c'est l'or qu'il veut", explique son coach, Greg Guénet.