Tour de France 2022 : entre ferveur du public et consignes écologiques, une journée dans la caravane publicitaire

La caravane publicitaire du Tour de France a poursuivi sa parade, ce mardi 12 juillet, dans les Alpes. Récit d'une journée dans une Deux Chevaux du cortège Cochonou, caravane mythique sur les routes de France, qui doit, comme les autres, s'adapter à de nouvelles consignes plus respectueuses de l'environnement.

Derrière l'église de Montriond, une étroite route sinue entre les arbres jusqu'à un petit lac. Ce mardi 12 juillet, quelques voitures de la caravane publicitaire sont garées le long de la chaussée. Il est 9 heures, les premiers bénévoles s'activent. Ce sont des jeunes pour la plupart, des étudiants pour certains. Ils nettoient, récurent, font briller les véhicules aux couleurs des marques partenaires du Tour de France.

Jantes, sièges, portes, intérieur, extérieur : tout y passe. Il faut être irréprochable pour emprunter les routes de la Grande Boucle. La caravane est attendue : elle est une attraction pour le public. Elle passe tous les jours avant les coureurs et ouvre le balet d'une grande fête populaire.

Près de 150 véhicules se succèdent. A leur bord : les bénévoles mettent l'ambiance avec des mégaphones, les klaxons, des chorégraphies, de la musique... Les goodies volent. Les foules pressées sur les trottoirs les accueillent, bras ouverts.

"L'expérience est incroyable"

Mais avant de prendre la route : c'est l'heure du café à Montriond. C'est un point de rencontre : l'ensemble de la caravane profite de ce petit moment pour se retrouver après une courte nuit. Il est près de 10 heures. Il fait encore frais à l'ombre des sapins. Les esprits s'éveillent doucement. Les bénévoles se saluent. Beaucoup n'en sont pas à leur première expérience, ils reviennent année après année.

C'est la première fois que je suis sur le Tour et c'est comme un rêve.

Quentin, speaker de la caravane Cochonou.

"La caravane, c'est une grande famille", explique Quentin, café en main et pull sur les épaules. Lui est speaker pour une marque de saucisson, dont la caravane est mythique sur les routes du tour. Il est âgé de 32 ans : "Dans la vie de tous les jours, je suis également speaker pour des équipes sportives du côté de Grenoble", raconte-t-il.

"C'est la première fois que je suis sur le Tour et c'est comme un rêve. L'expérience est incroyable. Pour un passionné de cyclisme et du Tour de France, c'est fou." Baptiste acquiesce : "Puis, c'est une expérience folle de vivre en groupe pendant un mois à travers la France. Ca crée des souvenirs", raconte le jeune conducteur d'une caravane.

Ils confient que les soirées sont nombreuses. Parfois entre plusieurs caravanes. "Mais le rythme est soutenu, les journées sont longues. La gestion de la fatigue est plus importante. On fait attention, on reste sérieux, on sait pourquoi on est là. Les apéritifs en fin de journée, c'est plus pour le geste de trinquer tous ensemble", confie Quentin.

Il est interrompu par la caravane d'une marque de lunettes. Tous les matins, c'est elle qui met l'ambiance et qui lance une chorégraphie géante entre tous les caravaniers.

C'est ensuite le top départ. Les véhicules empruntent la même route que les cyclistes. Damien est au volant d'une Deux Chevaux depuis 17 ans. "Damien, c'est la Bible", sourit Baptiste. Sa voiture aux couleurs de la marque file vers Morzine. "La '2 Chev', ça rappelle les tontons, la famille, les bons souvenirs de vacances", rigole-t-il. A 37 ans, il continue de prendre ses congés pendant le Tour de France pour faire partie de la caravane. "L'accueil du public te fait revenir tous les ans", raconte-t-il. Le Tour, c'est sérieux pour lui. Il connaît les membres de la caravane, mais aussi des spectateurs récurrents venus sur le parcours.

Sa voiture est au milieu de la caravane. Elle sillonne les routes, parfois à bon train. Dans les importantes communes et en haut des cols, la foule s'amasse. Les cris du public se mêlent au vrombissement du moteur de la Deux Chevaux. L'ambiance est folle dans l'ascension de l'Altiport de Megève, finish de cette 10e étape.

Des débuts dans les années 30

L'ensemble de la caravane publicitaire rassemble près de 600 personnes. "Elle fait partie de l'histoire du Tour. C'est la plus grande caravane au monde dans le milieu du cyclisme", atteste Aurélien Janssens, grand patron de cette parade publicitaire.

La caravane a fait son apparition sur les routes de France en 1930 : "C'était pour financer l'épreuve. A l'époque, il n'y avait pas d'équipes sponsorisées. C'était des équipes nationales qui concourraient. Mais, c'est toujours l'événement dans l'événement. Une récente étude avait révélé que 48 % du public déclarait venir uniquement pour voir le passage de la caravane publicitaire."

Des consignes pour plus d'écologie

Cette caravane a bien changé depuis les années 30. Désormais elle doit se plier à un important cahier des charges. Avec un volet, notamment, sur les consignes écologiques. La caravane amène, sous son giron, près de 150 véhicules dans des routes parfois étroites et avec d'importants dénivelés sur plus de 100 km, tous les jours. Des configurations qui peuvent susciter des inquiétudes sur les pollutions émises.

La plupart des cadeaux sont désormais en bois et autres matériaux recyclés.

Aurélien Janssens, patron de la caravane publicitaire.

"On veut réduire au maximum nos émissions depuis de nombreuses années. Par exemple, les véhicules de l'organisation sont tous hybrides et les voitures de la caravane doivent tendre vers ces solutions plus respectueuses de l'environnement. Cette année, une vingtaine de voitures sont électriques", poursuit Aurélien Janssens qui veut aller plus loin.

Autre pollution : les goodies. Des millions de cadeaux sont distribués tout au long du Tour par les 30 marques de la caravane. "Là aussi, le cahier des charges impose aux marques de ne pas polluer. Par exemple, il n'y a plus aucun plastique utilisé dans les emballages des goodies, à l'exception de ceux pour des produits ménagers pour des raisons de sécurité. La plupart des cadeaux sont désormais en bois et autres matériaux recyclés." Une nouveauté depuis quelques années qui est loin d'être boudée du public.