Le Haut-Savoyard Vadim Druelle a réussi les ascensions de trois sommets de plus de 8 000 mètres cet été. Le tout, en "one push", en solitaire et sans avoir recours à des bouteilles d'oxygène. Le jeune alpiniste de 22 ans nous a raconté ses dernières aventures à son retour de l'Himalaya.
Fin d'un été bien rempli pour Vadim Druelle. À 22 ans, le jeune alpiniste haut-savoyard a gravi, ces derniers mois, trois sommets de plus de 8 000 mètres : le Nanga Parbat (8 126 m), le Gasherbrum I (8 080 m) et le Gasherbrum II (8 035 m), tous situés dans la chaîne de l'Himalaya. Le tout sans avoir recours à des bouteilles d'oxygène.
À l'heure où le documentaire "Kaizen" du Youtubeur Inoxtag, véritable phénomène d'Internet ces dernières semaines, a mis en lumière la pratique de l'alpinisme, Vadim Druelle s'efforce, lui, d'adopter une démarche des plus traditionnelles. Pour lui, gravir les plus hauts sommets du monde en style alpin apparaît comme une nécessité.
"Je veux vraiment vouloir ressembler aux premiers alpinistes. C'est un peu pour leur faire honneur. Je vais tout faire pour que mon ascension soit propre, pas trop aidée, en autonomie et sans oxygène. C'est hors de question d'utiliser de l'oxygène, parce que ce n'est pas la même montagne. Sans oxygène, on monte vraiment à 8 000 mètres. Et avec oxygène, c'est comme si on abaissait l'altitude de 2 000 mètres de dénivelé. Ça n'a rien à voir", raconte-t-il.
La quête des 14 sommets
Comme si les difficultés n'étaient pas assez nombreuses, Vadim Druelle s'efforce de réaliser ces ascensions en "one shot" : sans s'arrêter aux camps intermédiaires et, si possible, en moins de 24 heures.
"C'est ça, les vraies valeurs de l'alpinisme. C'est d'arriver à faire les choses de soi-même, essayer de surpasser ces difficultés. Tout l'entraînement que l'on fait en amont, ça va nous servir à ça. C'est une expérience de vie encore plus belle", poursuit le jeune Haut-Savoyard.
À son tableau de chasse, Vadim Druelle dispose déjà de cinq sommets de plus de 8 000 mètres, avec le Manaslu (8 163 m) et le Kangchenjunga (8 586 m) gravis ces trois dernières années. Une importante avancée dans sa quête des 14 sommets de plus de 8 000 mètres.
"Une belle galère"
Malgré l'entraînement, l'acclimatation, une préparation stricte et de l'expérience, Vadim Druelle n'est, comme tous les autres alpinistes, pas à l'abri des dangers. Comme cette fois où il est tombé dans une crevasse à la descente d'un de ses sommets : "Il faisait très chaud. J'étais arrivé à un glacier et il y avait quelques crevasses. Je saute les premières. À un moment, je vois des traces de pas aux abords de l'une d'elles. Je me dis que je vais sauter comme les autres. En sautant, j'ai atterri au milieu du pont de neige et je suis tombé d'une quinzaine de mètres."
"Là, j'ai l'impression que tout s'arrête. Je suis projeté contre les parois de la crevasse. Puis, je tombe dans le vide et je retombe sur un pont de neige qui m'arrête dans ma chute. Là, j'ai dû sortir tout seul avec mes piolets", poursuit-il.
"C'était une belle galère", se souvient-il encore avec un sourire plein de malice. Conscient que le danger se cache partout à ces altitudes, Vadim Druelle parvient à prendre assez de recul pour gérer toute sorte de situation : "L'alpinisme, c'est de l'exploration. C'est toujours de l'aventure, c'est ça que j'aime."