A seulement 21 ans, l'alpiniste de Haute-Savoie Vadim Druelle a réalisé un exploit sans précédent dans le monde de l'alpinisme : fin mai, il est parvenu à atteindre le sommet du Kachenjunga (8 586 m au Népal), d'une seule traite, sans oxygène et sans s'attacher sur les cordes fixes. Une performance inédite réalisée en 18 heures et 43 minutes.
"J'ai la caisse, donc je peux le faire", résume Vadim Druelle. Le jeune alpiniste, originaire de Morzine (Haute-Savoie), a réalisé une première mondiale fin mai : il est le seul à avoir gravi le Kachenjunga (8 586 m), troisième sommet le plus haut du monde, en "one-shot". Autrement dit : d'une seule traite, sans dormir, du camp de base jusqu'au sommet.
Au total, le Haut-Savoyard a mis 18 heures et 43 minutes pour effectuer les quelque 30 km et 3 100 mètres de dénivelé positif qui séparent le camp de base et le sommet du Kachenjunga.
L'exploit a été réalisé le 25 mai dernier : "L'expédition a duré deux mois. Avant ma tentative, je me suis rendu sur place pour m'acclimater, faire la navette entre les différents camps. Puis, quand je me suis senti prêt et qu'une fenêtre météo s'est dégagée, je me suis lancé", explique le jeune homme de 21 ans.
Une incroyable performance réalisée sans avoir recours à des bouteilles d'oxygène et sans utiliser les cordes fixées par les sherpas népalais : "Je n'ai utilisé que mes piolets et mon propre matériel. C'est un défi personnel et, pour moi, aussi une question d'éthique et de respect de la montagne. Je ne me vois pas vraiment faire autrement."
Les quatorze 8 000 m
"Là-haut, il faisait -50 degrés", se souvient-il. Malgré tout, il est parvenu à revenir sain et sauf au camp de base au cours d'une expédition marquée par un drame : "Un guide allemand, un bon copain très expérimenté, a mis trop de temps pour rejoindre le sommet. Il aurait chuté et est décédé. C'est quelqu'un qui m'a donné beaucoup de conseils sur place. Et si j'y suis arrivé, c'est aussi un peu grâce à lui j'imagine."
Pourtant, le danger de la haute montagne ne devrait pas freiner ses ardeurs : "Si je fais vraiment attention, il n'y a pas de problème. Je veux respecter une règle que je me suis donnée : le but, c'est de revenir. J'ai la chance d'avoir quelques sponsors qui m'aident financièrement dans ces expéditions. D'autres personnes, qui paient pour ces ascensions, vont parfois prendre des risques insensés pour rejoindre le sommet. Ce n'est pas mon cas."
Le Morzinois n'en est pas à son premier fait d'armes. En 2019, à l'âge de 19 ans, il était également parvenu à gravir le Manaslu (8 163 m), sans assistance ni oxygène. Il était devenu alors le plus jeune alpiniste à dépasser les 8 000 mètres d'altitude sans sherpa, sans s'aider des cordes fixes et sans oxygène.
Ce membre de l'équipe de France de ski alpinisme voue une vraie passion pour la montagne : "C'est un endroit où je peux faire ce que je veux. On s'y sent vraiment libre." Vadim Druelle devrait bientôt retrouver les plus hauts sommets du monde : il envisage de boucler les 14 sommets de plus de 8 000 mètres sans oxygène, ni assistance. La prochaine montagne ? "Je n'ai pas encore réfléchi, mais pour le moment, ça se joue entre le Daulaghiri (8 167m) et l'Annapurna (8 091 m)."