190 sonneurs de trompe de chasse se sont réunis de dimanche à Lépin-le-Lac (Savoie) pour un concours régional. L'occasion de faire découvrir au grand public cet instrument de musique du XVIIe siècle, qui a d'abord été un outil pour la chasse à courre. Un art inscrit depuis peu au patrimoine immatériel de l'UNESCO
L’art de sonner la trompe se fait dos au public, le pavillon tourné vers l’arrière pour délivrer le meilleur son à l’auditoire. “La trompe de chasse est un instrument naturel, il n'y a pas de piston. Ça fait 4,55 mètres, détaille Fred Comte, sonneur des trompes de Chamonix (Haute-Savoie). On produit du son uniquement avec la pression et en pinçant les lèvres, ce qui permet d’avoir dix notes à notre disposition.”
En cette fin avril, 190 sonneurs de la région, mais aussi de Suisse et d'Italie se sont donné rendez-vous à Lépin-le-Lac (Savoie), pour un concours régional de trompe de chasse. L’occasion pour l'édile de la commune, lui-même sonneur, de faire découvrir au grand public cet instrument.
Tout un art, de l'instrument à la tenue
“C’est un instrument qui n’est pas connu, un baroque, qui date du XVIIe siècle. À l’origine, c'était pour accompagner la chasse à courre, relate Serge Grollier, maire (SE) de Lépin-le-Lac. Maintenant, c'est devenu un exercice musical. C’est vraiment devenu un outil pour le plaisir de jouer."
Un sonneur ne se résume pas à son instrument : il porte aussi la tenue traditionnelle qui l'accompagne, héritée de la chasse à courre. “On a le gilet spécifique à la vénerie, avec les galons dorés, la cravate, explique Françoise Laubier, sonneuse du rallye au bois de Saint-Étienne-du-Bois (Vendée). Nous, les femmes, on porte souvent le tricorne galonné, et les hommes ont la bombe. C’est vraiment une tenue pour aller à cheval !"
Sonner la trompe, une histoire de tradition et de camaraderie : cet art peut aussi être une histoire de famille. “Mon mari sonne de la trompe de chasse, mon père sonnait de la trompe de chasse, mon beau-père sonnait de la trompe de chasse, j’ai le plaisir d’avoir mes trois enfants qui partagent aussi cette passion”, s'enthousiasme Nathalie Peju, sonneuse du rallye des trompes de chasse de Bois Rambe (Isère).
“Quand on arrive à 9-10 ans, on essaie et on ne la lâche plus”, abonde Amaury Peju, sonneur du rallye des trompes de chasse de Bois Rambe. Fort de son succès, l'art de sonner la trompe a été inscrit au patrimoine immatériel de l'UNESCO en 2020.
Un reportage de Lucie Martin, Dominique Semet et Clémentine Fayolle