VIDEO. Margot Boch et Carla Sénéchal, le duo prometteur du bobsleigh féminin en France

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Margot Boch et Carla Sénéchal à l'entraînement sur la piste de bobsleigh de La Plagne
Reportage de Frédéric Lefrançois et Joane Mériot dans les coulisses de la préparation de Margot Boch et de Carla Sénéchal à La Plagne. ©France 3 Alpes / Frédéric Lefrançois - Joane Mériot - Jean-Pierre Ardito - Laetitia Di Bin

Parties de rien en 2018, les deux Savoyardes ont fait leur entrée dans la cour des grandes lors des JO de Pékin. Le duo, qui monte en puissance, vise un podium à Milan en 2026. Elles sont désormais entraînées par Bruno Mingeon, la référence du bob français. Rencontre à La Plagne à deux semaines des championnats du monde.

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Il leur aura fallu du temps pour être prises au sérieux. Il aura fallu un rêve, alimenté par la débrouille, le système D, le soutien des parents. Il aura fallu une idée un peu folle et beaucoup de détermination pour reconstituer un binôme féminin français de bobsleigh, absent du circuit international depuis plus d'une décennie.

C'était en 2018. Margot Boch, fille et petite-fille de bobbeurs, née à deux-trois virages de la seule piste française de bobsleigh de la Plagne, décidait de lancer un appel pour trouver d'autres féminines avec qui se lancer dans l'aventure gelée. L'ancienne gymnaste, qui pratiquait la luge, avait besoin de renfort à la poussée. La sprinteuse Carla Sénéchal avait le profil parfait, encore fallait-il qu'elle accepte... Après quelques échanges sur les réseaux sociaux, voilà les deux jeunes filles prêtes à se mettre au travail.

Les économies des parents leur permettront d'acheter un engin. S'en suivent des voyages à travers l'Europe pour concourir et se faire une place dans le monde du bob, tout en cherchant des sponsors pour financer leur saison. Margot Boch apprend le pilotage sur le tas, écoutant les conseils de son père. D'autres pousseuses viendront ensuite grossir l'effectif.

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Treizièmes aux JO de Pékin

Trois ans de travail et d'abnégation plus tard, Margot Boch devient, en 2021, championne du monde junior en bob à deux avec Marion Stringer. En 2022, la Mâcotaise se qualifie pour les Jeux olympiques de Pékin en monobob et en bob à deux avec Carla Sénéchal.  

"Les Jeux olympiques, pour nous, c’était le rêve d’une vie. Donc c’est un premier objectif qui s’est concrétisé, nous sommes reparties avec des souvenirs plein la tête. On a vécu des choses incroyables, c’était un moment qui restera gravé pour toujours", commente Margot Boch.

"On finit à la 13e place. L’objectif c’était d’être dans le top 10, donc on n’est pas très loin. Nous sommes revenues avec de la frustration mais aussi avec du rêve plein les yeux parce que voir des médaillés olympiques, ça fait vraiment envie. On sait que c’est beaucoup d’émotion, maintenant on sait ce qu’il faut faire pour l’obtenir en 2026, on va tout faire pour", renchérit Carla Sénéchal.

Une saison de transition...pour tout réapprendre

Cette année, elles ont donc décidé de repartir à zéro, ou presque. Nouvelle monture, nouvel entraîneur, nouvelle stratégie. La saison 2022-2023 leur sert de transition. Il faut repenser à tout, reprendre les étapes les unes après les autres. Déconstruire pour accrocher le très très haut niveau et espérer aller titiller les sacro-saintes reines allemandes de la glisse, à Milan en 2026. 

"Il y a des étapes que l’on doit revoir : il y a du pilotage à travailler, la poussée à travailler, la mécanique... On découvre de nouvelles choses. On prend le temps", explique Carla Sénéchal.

"C’est vrai que les quatre dernières années, tout s’est fait très vite et on a certainement loupé certaines étapes. Du coup, de prendre le temps d’apprendre, de tester du matériel, de tout revoir et trouver les bons réglages, c’est vrai que ça prend du temps mais c’est quelque chose de très intéressant et qui nous fait vraiment avancer", ajoute Margot Boch.

A pied sur le toboggan géant de la Plagne, la pilote française s'adonne à une danse muette. Son esprit absorbe les courbes, anticipe les G, mémorise le schéma de la piste. Outre l'explosivité essentielle au départ, le bobsleigh requiert une dose énorme de concentration. Il faut dompter l'adrénaline pour peaufiner chaque détail. La finesse d'un pilotage peut vous faire gagner de précieux dixièmes au bout des 19 virages. La descente de 1,5 km ne dure qu'une grosse minute lorsque le bob dépasse les 100 km/heure. 

 

Le renfort de Bruno Mingeon

A ses côtés, la référence française du bob distille ses conseils. "Tu caresses un tout petit peu la poignée et après tu lâches tout", lui indique Bruno Mingeon. Cette année, le duo savoyard peut compter sur l'expertise du médaillé de bronze en bob à quatre aux JO de Nagano en 1998, et médaillé d’or aux Championnats du monde de Cortina en 1999. 

"Sur le plan purement technique, au niveau du pilotage, j’essaye de donner un peu de mon expérience à Margot, et aussi sur la partie matériel, j'essaye de donner un coup de main pour essayer de faire évoluer le bob", détaille l'entraîneur, originaire lui aussi de la Plagne.

"Ce sont des réglages à apporter par rapport aux conditions de glace, par rapport à la piste, par rapport à certains virages. On peut jouer sur la grosseur des patins, sur la répartition des masses, sur le poids que l’on va mettre dans l’engin et après bien entendu toute la partie technique dans la piste et les virages".

Cette saison les filles de l'équipe de France vont travailler en partenariat avec l'équipe masculine de Monaco (sixième aux JO de Pékin), dont Bruno Mingeon assure également l'encadrement. "Il y a de l'entraide", explique-t-il. "Les mentalités filles-garçons sont différentes donc ça pousse à développer des atouts différents"

Une saison de rodage qui a déjà permis aux filles d'enchaîner les podiums depuis le mois d'octobre (notamment une deuxième place en Autriche en décembre). Et pour savoir si l'émulation porte ses fruits, le binôme féminin français a rendez-vous dès le 22 janvier en Suisse, pour les Championnats du monde à Saint-Moritz.

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