Dans le domaine de la famille Richel à Saint-Baldoph en Savoie, 45 à 50 % de pertes sont estimées sur les récoltes de cette année, conséquence du gel du mois d'avril et de nombreux aléas climatiques qui ont frappé le vignoble. Si le climat est favorable, les vendanges pourraient débuter fin septembre.
"Ça se voit tout de suite. On est entre 45 et 50 % de perte au minimum." Ce mercredi 18 septembre, Mathieu, vigneron au domaine de la famille Richel à Saint-Baldoph en Savoie, pointe du doigt les dégâts du grand froid qui a sévi partout en France à la mi-avril et l'instabilité climatique grandissante.
Après un début de mois d'avril marqué par de fortes chaleurs, le thermomètre a brusquement chuté et a entraîné d’importants préjudices chez les viticulteurs. Dans ce vignoble de 6,5 hectares, de nombreuses parcelles ont fait les frais de cet épisode de gel.
"Là, on est sur une parcelle qui a été complètement touchée par le gel. On voit qu’aucune grappe de raisin n’est présente. La parcelle a été fragilisée par le gel puisque le bois est en train de mourir ici." Sur la même parcelle, on peut y voir l’esca se développer : "Une maladie typique du bois présente à l’intérieur du cep, explique Mathieu. Ce dernier va bientôt mourir d’ici la fin d’année ou l’année prochaine."
"On a réussi à sauver l’essentiel"
Le gel et l’humidité, bien présents ces derniers mois, ont rendu les exploitations viticoles vulnérables à de nombreuses maladies. "Ça fait partie de la vigne. Le gel fragilise l'ensemble, ce qui fait que la vigne est beaucoup plus sensible aux champignons et aux maladies cryptogamiques", explique-t-il.
Dans le vignoble, plusieurs ceps ont, par exemple, été asséchés par le mildiou. À tel point que les grappes sont à peine visibles. Sur une des parcelles, le champignon, qui a attaqué les vignes début juillet, a causé 50 % de perte. Une fois le parasite installé, le nécessaire a été fait, mais "c’est un combat. Et maintenant, il faut laisser faire. Cependant, on a réussi à sauver l’essentiel", rassure Mathieu.
Au vignoble de la famille Richel, les vendanges ont débuté le mardi 17 septembre. Mais en raison d’une pluie abondante et des chutes de températures depuis le début du mois, le raisin n’est pas prêt à être complètement ramassé et la première récolte est peu signifiante.
"On a commencé à vendanger sur les cépages précoces qui avaient gelé aussi. Donc forcément, il y a moins de récoltes. Les cépages précoces, on les récolte généralement deux semaines avant les autres", explique le viticulteur avant de poursuivre : "Pour l’instant le sucre est très bas. Quand j'ai réalisé mon prélèvement la semaine dernière, on était légèrement en dessous des réglementations."
45 à 50 % de perte au total
Alors que le mois de septembre offre généralement du soleil, les pluies régulières de cette année se sont infiltrées dans les ceps et ont rendu le raisin moins sucré. Résultat : les vendanges ont pris du retard. Mathieu scrute minutieusement la météo en espérant que celle-ci soit clémente : "Il faut du soleil, mais il ne faut pas qu'il fasse trop chaud. À 20 ou 25 degrés, ce serait bien", précise-t-il.
La perte totale de cette année est estimée entre 45 et 50 %. Soit environ 27 000 bouteilles pour ce vignoble. Mais le viticulteur reste optimiste, notamment puisqu'il utilise pour la première fois un traitement bio pour ses vignes. Selon lui, ses pertes auraient pu être plus importantes : en 2019, il avait enregistré jusqu'à 95 % de perte au total sur ses 6,5 hectares.
"Les bois sont encore sains, ils n’ont pas été touchés, ils ont commencé à devenir "aouté". C’est-à-dire qu’ils ont cessé d’être verts pour devenir durs. Sur tous ces bois, on voit déjà les bourgeons pour l’année prochaine. Quand on fera la taille, ça devrait repartir. Sauf aléa climatique de l’année prochaine, tout devrait donc bien se dérouler", sourit-il.
Si le climat est favorable, les vendanges pourront avoir lieu d'ici fin septembre. Sinon, celles-ci seront reportées au début du mois d'octobre.