Axe majeur de la vallée de la Tarentaise, en Savoie, la RN90 fait l'objet de travaux d’ampleur dans les sous-sols. Une ancienne mine d’anthracite, menaçant de s'effondrer, y a été découverte. Elle va être comblée pour sécuriser la route.
En surface, il n'y a qu’un alternat et une zone de travaux. Rien d'inhabituel pour les 20 000 automobilistes qui empruntent chaque jour la route nationale RN90 entre Centron et Villette (Savoie), axe majeur de la vallée de la Tarentaise. Mais sous l'asphalte, tout un réseau de galeries d’anthracite est en train de s’effondrer à Aime-la-Plagne.
Cet ouvrage, surnommé "galerie Joséphine", aurait été réalisé pendant la Première Guerre mondiale. À l'époque, les exploitations minières étaient nombreuses dans les Alpes mais celle-ci, située hors titre minier, entre deux anciennes concessions, est tombée dans l'oubli. Elle a été remise au jour il y a quelques mois, à la suite d'un affaissement de la chaussée.
Galerie instable
Depuis le début du siècle dernier, la mine de 330 mètres de long était sécurisée par un alignement de piliers en acier, aujourd’hui complètement érodés. Il a fallu, dans un premier temps, les sécuriser.
"Ces cintres sont là depuis plus de 100 ans et avec l'humidité ambiante, ils ont subi une forte corrosion. Notre mission a consisté à amener des cintres de renfort pour sécuriser complètement une zone de la galerie", retrace Benoit Chalbos, directeur de travaux spéciaux pour l'entreprise Deluermoz.
La galerie, étroite et assez basse, ne court sous la route que sur une trentaine de mètres de long. Des travaux sont en cours sur cette portion pour la sécuriser, mais impossible d’aller au-delà. Le reste de la mine, avec ses galeries périphériques qui s'enfoncent plus loin sous la montagne, s’effondre petit à petit.
"Des éboulements ont lieu naturellement puisque l'eau percole dans les sols, vient corroder les étaiements et une fois qu'ils ne tiennent plus, il y a un éboulement et la galerie s’effondre", explique Natacha Chenot, cheffe de projet à la direction interdépartementale des routes Centre-Est. Les intempéries de ces derniers mois ont contribué à fragiliser la galerie qui doit désormais être comblée pour sécuriser la route.
Un passé minier qui s'effondre
L'anthracite a été exploitée pendant près de 150 ans dans les Alpes, comme à La Motte-d'Aveillans (Isère) où un musée souterrain a vu le jour pour faire connaître ce patrimoine minier. Dans la vallée de la Tarentaise, deux mines étaient exploitées. Il reste à ce jour quelques traces de ce minéral, utilisé à l’époque pour le chauffage domestique.
"L'anthracite, c'est une roche sédimentaire, comme le charbon, qui a été exploitée notamment pour son haut pouvoir calorifique. Quand elle brûle, elle dégage plus de chaleur que le charbon", complète Natacha Chenot.
De nos jours, la série Netflix Anthracite, le mystère de la secte des Écrins, tournée quasiment en intégralité au cœur des Alpes, a rendu l'histoire de ces exploitations minières célèbre dans le monde entier. La galerie d'Aime-la-Plagne sera, elle, intégralement rebouchée d’ici le 15 août prochain.
Des restrictions de circulation interviendront jusqu'à la fin de l'année sur la RN90 afin de permettre "le bon déroulement" des travaux, a fait savoir la préfecture. Très fréquentée en hiver pour accéder à plusieurs stations de ski de la Tarentaise, la route permet, en été, de rejoindre l'Italie par le col du Petit-Saint-Bernard.