Le directeur de Sciences Po Grenoble sort de son mutisme à l'heure d'une hausse des frais d'inscription. Dans un communiqué, Jean-Charles Froment explique que cette hausse "ne doit pas être rapportée au contexte de Grenoble, mais relève bien d'un problème général de financement des IEP en France."
Mardi 10 décembre, nous avons tenté de rencontrer le directeur de Sciences Po Grenoble, pour mieux comprendre la hausse des frais d'inscription. Fin de non recevoir. Du coup, c'est le directeur de l'antenne marocaine de Rabat, croisé dans un couloir de Grenoble, qui avait pris la défense de cette augmentation.
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La direction de l'IEP sort aujourd'hui de son mutisme, via un communiqué. Jean-Charles Froment explique d'abord que l'augmentation, bientôt soumise au Conseil d'administration, sera progressive, "puisqu'elle ne s'appliquera totalement l'an prochain qu'aux nouveaux entrants." Le maximum à payer sera de l'ordre de 1300 euros.
Une hausse "conséquente" mais "mesurée"
Une hausse "conséquente" mais "mesurée", selon la direction, qui "se distingue de celles mises en oeuvre dans l'ensemble des autres IEP de France, fondées sur une modulation des droits et conduisant à des augmentations maximales (jusqu'à 3500/4000 euros pour les tranches les plus élevées).
"La problématique du financement du modèle de formation des IEP n'est donc pas propre à Grenoble", note le directeur, "mais relève d'un besoin commun de stabilisation de leurs modèles économiques (...) Ces derniers ont connu en un peu plus d'une dizaine d'années, un développement très rapide. Passant d'un régime d'études de 3 à 4 puis à 5 ans, ils ont du gérer dans le même temps une très forte augmentation de leurs effectifs et un renforcement substantiel de leur offre de formation, notamment en master."
Les incidences de ce développement seraient d'autant plus importantes que le modèle privilégie "les enseignements en conférences de méthode, aujourd'hui limitées à un maximum de 20 étudiants, sur ceux dispensés en grands groupes dans les amphithéâtres."
Les financements publics se compriment et les coûts des fournisseurs ne cessent d'augmenter"
Autre motif avancé, un renforcement de la part des enseignements en langues, car l'institut "s'attache à développer l'internationalisation et la professionnalisation", ce qui nécessite "de très nombreux intervenants professionnels extérieurs (...) Il en résulte des charges de formation extrêmement lourdes." Et le directeur de noter que "les financements publics (...) se compriment et les coûts des fournisseurs ne cessent d'augmenter."
C'est donc dans ce cadre que la hausse s'inscrit, mais la direction estime qu'il ne s'agit pas du seul levier mobilisé: "depuis plus d'une année en effet, l'établissement a procédé à de nombreuses rationalisations de son organisation et à des économies importantes dans son fonctionnement (...) Parallèlement d'autres sources de financement sont mobilisées: développement de la formation continue, taxe d'apprentissage, mécénat dont la première grosse campagne sera menée début 2014."
En conclusion, la hausse des droits est présenté comme une manière d'assurer "la pérennité du modèle de formation" afin "d'investir durablement sur sa professionnalisation."